mardi 24 septembre 2013

Goma: Journée de paix après les tirs d'obus




'La disparition d’un homme c’est une tragédie ; la disparition de millions de gens, c’est la statistique,' parole de Joseph Staline.
 Eh bien, voyageons dans ce monde « statistique » situé à Goma, en RDC qui en dépit de son hécatombe a célébré la journée de la paix.
Samedi 21 septembre 2013, à Goma dans la capitale provinciale du Nord-Kivu, à l’extrême Est de la RDC. C’est la journée internationale de la paix. Plusieurs activités sont prévues dans cette ville touristique. Les organisations nationales (coordination urbaine de la société civile, Mouvement Lucha) et internationales (Monusco, Search For Common Grounds) ont prévu une marche pacifique pour dénoncer les vingt années de guerre ignoble en RDC, une tribune d’expression populaire sur l’éducation à la paix suivie d’une manifestation culturelle sont inscrits au programme.

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Tout se passe comme prévu. Durant la marche pacifique, femmes, hommes et jeunes intrépides du mouvement citoyen la Lucha (Lutte pour le Changement) entonnent de chants et montrent de banderoles contenant de messages sur le retour imminent de la paix dans la région. ‘L’espoir est permis pour le peuple congolais, le temps d’enterrer la hache de la guerre est arrivé’, clame tout un haut un manifestant, visiblement optimiste.


Phase de discours fascinants après la marche pacifique

« Tout Etat digne doit se doter d’une armée forte »               
Le moment tant attendu ne tarde pas. Les marcheurs arrivés sur le lieu attendent pour vivre le temps fort de la journée. J’observe et écoute attentivement les discours des uns et des autres sur l’essence du concept paix. Je tiens à rappeler qu’à Goma, le mot paix revêt plusieurs sens. Et tous les intervenants qui se succèdent au podium confirment cette thèse.

Pour la déléguée de femmes, Anne Marie Oboyo, "la paix c’est l’absence de la guerre, l’absence de conflits violents et de viols récurrents contre les femmes. C’est la concorde entre toutes les communautés".  Le politologue et chef de Travaux Kasereka Kasekwa, abonde dans le même sens : la paix suppose la protection et la sécurisation de personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national. A cet effet, poursuit-il, tout Etat digne et respectueux doit se doter d’une armée forte et dissuasive pour parer à toute tentative d’agression étrangère. Quant au représentant de la jeunesse estudiantine, Alphonse Budjo de l’UAGO, il affirme: "la paix passe par la création d’emplois rémunérateurs à la jeunesse active. Ceci, conclut-il, est un facteur incontournable qui dissipe toute tentative d’adhésion à des groupes armés pour les jeunesé". Une militante du mouvement de la Lucha, Micheline Mwendike, a dénoncé la répression violente et inhumaine des manifestations pacifiques initiées par la population à diverses occasions par la Police Nationale Congolaise.  La presse a clôturé la partie scientifique de la journée, en ce termes, la paix suppose la diffusion d’information fiables et responsables dans l’objectif de rapprocher les communautés belligérantes, dixit Sylvie Mazambi, journaliste à Mishapi Voice TV. 

Après la réflexion, place à la partie culturelle

Je l’ai annoncé plus haut, la journée est pleine de surprises. En vue de renouer et raviver dans la population de Goma, l’espoir pour une quiétude durable après le cycle de violence avec son cortège de malheur (huit millions de morts, près de deux millions d’exilés et de déplacés internes, plus de cinq cent milles femmes violées, de centaines d’enfants séparés de leurs familles, bref un cocktail odieux), deux décennies durant. 




Très rapidement, un terrain (un tapis approprié) de volley-ball pour personnes vivant avec handicap a été aménagé. L’équipe congolaise ASAM et celle rwandaise Team Rubavu ont livré un match dans un climat de convivialité.  
Quelques minutes après, l’arbitre sonne la fin du match, score : 11 à 7. L’équipe congolaise a infligé une cuisante défaite à l’équipe adverse rwandaise. 

Des acrobates à l'oeuvre
Les acrobates ont fait leur entrée sur la scène. De manière très professionnelle, ils ont presté durant vingt minutes sans échec ou incident lié à leurs astuces qui emportaient la foule. 




Des chants et autres pas de danse porteurs de messages profonds sur la cohabitation pacifique sont exécutés.


Robert King, a émerveillé le public avec sa chanson célèbre ‘Histoire ya De Go’. Style rumba avec sa guitare acoustique. 

Tonton Lusambo a exécuté une vieille chanson, communément appelée ancien succès, de l’histoire congolaise ‘Congo nde Mboka ‘. A Goma, il y a du talent. 



Du talent très jeune, il y en avait aussi.

Le célèbre chanteur et danseur du sébène congolais Wanny a emmerveillé le public. Tout le monde était d’accord qu’il était le musicien le plus fascinant. Il a exécuté avec son équipe prodige la chanson: « This is the time to make a change. No war again.” 
Des jeunes couples, masques sur le visage, nous ont fait découvrir la danse salsa. Le public était ahuri, ébahi et stupéfait. 


Un chœur de petits chanteurs de la paroisse catholique, Saint Joseph de Goma, a interprété plusieurs chansons sur la paix et celle de stars afro-américaines, très prisée ici, We are the world.

Du Zouk avec groupe GEN FOCO, la notoriété de Foyer culturel de Goma

Temps fort, improvisation
L’animateur du jour a compris le souci du public. Inviter de manière improvisée quelques courageux pour danser. Les candidats étaient nombreux à se précipiter sur le podium. 

 








Nous avons des artistes de classe internationale. Il suffit juste que règnent la paix et la stabilité pour que le monde entier migre vers la ville magique de Goma. 


L’essentiel a été dit. La journée a réussi. 
Chantal Faida

mercredi 18 septembre 2013

A Goma, il est difficile de passer son enfance en toute dignité:Témoignage


Agé de 15 ans, Jonas Bandu a emboité le chemin de travail prématurément pour préparer sa vie et aider ses parents aux charges familiales. De visage timide, ce sportif redouté s’adonne sans complexe au travail de revendre l’eau via son vélo qu’il puise au lac Kivu en destination des ménages de son quartier parcourant une distance de près quatre kilomètres par course.

La journée de l’Enfant Africain est célébrée le 16 juin de chaque année. Crée par l’OUA, aujourd’hui UA (Union Africaine ndlr) depuis 1911 en hommage aux victimes du massacre des élèves de Soweto qui manifestait contre le forcing de parler Afrikaans (langue des blancs) en Afrique du Sud ; en cette occasion, chaque Etat africain dresse un état de lieu de la situation des droits des enfants sur son territoire.

En RDC, plusieurs milliers d’enfants n’ont pas accès à l’éducation pour des raisons multiples dont la plus majeure est le chômage de leurs parents. 90% de la population active congolaise n’ont pas d’emploi formel. Cette situation est à la base du désistement des cours des enfants vers les milieux de travail pourtant prohibé par la loi. Le travail des enfants est devenue monnaie courante dès lors.  

J’ai rencontré un enfant qui partage sa dure expérience de travail dans l’informel, comme revendeur d’eau via son vélo.

« Grâce aux coups de main, en période de vacances que j’apportais à mon cousin qui jusqu’aujourd’hui pratique ce travail, j’ai acquis mon vélo à 25 dollars et 6 bidons vides à 3 dollars l’unité.» Raconte, occupé à ranger ses bidons sur son vélo, J. Bandu, avant d’ajouter ceci : « Chaque jour je me réveille à 5 heures du matin en route vers la plage du peuple pour ensuite remonter avec l’eau très tôt quand la clientèle en a besoin.» 

Cet enfant n’est pas le seul à faire ce genre d’activité lucrative pour subvenir aux besoins du ménage. Certains parents, les conditions de vie devenues très précaires à Goma, vont même à contraindre tous leurs enfants de se débrouiller pour leur frais scolaires, nourriture quotidienne, vêtements, souliers et même soins médicaux ; en dépit de l’âge et de la force physique de ces derniers.  


Plutôt que voler, vaut mieux peiner dans l’intégrité. 
J.Bandu nous a confié que les recettes tirées de son travail servent à préparer son année scolaire prochaine sans faire l’objet de plusieurs renvois comme par le passé avant de révéler qu’il contribue un tant soi peu aux charges de sa famille en remettant la moitié de ses recettes à sa maman, sa caissière préférée.

« J’ai abandonné les cours juste au début de cette année suite aux renvois réguliers dont je faisais l’objet par suite de manque des frais scolaires le délai convenu par notre Directeur. Mon père n’a pas d’emploi, ma mère également à cause de multiples guerres et chômage récurrent. Je suis issue d’une famille de 6 enfants. C’est une charge que de supporter toute notre survie. »
Les durs travaux sont interdits pour les enfants au regard des risques qu’ils encourent dans l’exercice de leurs métiers.

« Il m’arrive d’être incapable de me réveiller par suite des maux au dos. C’est un travail lourd que de pousser un vélo contenant 6 bidons de 20 litres chacun pour des sommes modiques en plus. Je gagne après avoir souffert. Mais c’est ça la vie chez nous. Il est écrit, dit-il tu mangeras à la sueur de ton front. Plutôt que voler, vaut mieux peiner dans l’intégrité. 
En dépit de ces souffrances, Jonas Bandu nourrit des rêves fabuleux.

« Devenir grand joueur de football comme Messi c’est mon rêve.» Révèle-t-il.

Pour rendre effectif ce rêve de J. Bandu, les autorités congolaises devraient songer et dans un délai court à rétablir la paix à l’Est de la RDC et à créer l’emploi pour les parents, conséquences de stabilité et d’essor pour l’assurance vie, éducation, santé, etc. de tous. Ch. F.  

vendredi 6 septembre 2013

Sommet de la CIRGL DU 05.09.2013: SOLUTION POLITIQUE A PROMOUVOIR EN RDC

              D'aucuns disent sans ambages que la GUERRE EST FINIE !!!!!!!


Mais moi je m'interroge, si cela était prévisible, fallait-il vraiment (pour le M23), prendre en otage deux ans durant tout un peuple innocent du territoire de Nyiragongo et de Rutshuru, en le soumettant à des atrocités indicibles, fallait-il vraiment attaquer sans vergogne les positions de forces loyalistes des FARDC, fallait-il vraiment larguer des bombes indiscriminées dans la grande ville de Goma occasionnant une dizaine de morts, une soixante de blessés, une psychose généralisée à la base même du report de la rentrée scolaire, fallait-il vraiment inciter la population à se déplacer massivement vers de milieux précaires comme les camps de fortune au tour de Goma, fallait-il vraiment violer les droits humains, fallait-il vraiment (pour le gouvernement de Kinshasa) incarcérer ceux qui ont pris le courage de dénoncer les stratagèmes de la poursuite de la guerre, le député Butondo Muhindo Nzangi du MSR et l'opposant Christhian Badose de l'ECIDE, et d'autres militants de droits humains, pour ne pas les citer, fallait-il sommer la communauté internationale d'entrer dans la danse aux côtés des FARDC..., L'HISTOIRE NE CESSE DE SE RÉPÉTER en RDC: Guerre, Agression, Négociations, Accords, toujours le même jeu avec les mêmes acteurs et jouant les mêmes rôles. La solution idoine est de combler le vide de gouvernance au sommet de l'Etat comme le disait l'autre. L'heure de la révolution a sonné. CONCERTONS-NOUS POUR CHANGER LES CHOSES A LA BASE. Ch.F. 


Press Release 

(For immediate release) 

Telephone: +257 22 256824/5/6/7/9 
Fax: +257 22 256828 
Email: Press@icglr.org 
P.O. Box 7076 Bujumbura, Burundi 
ICGLR International Conference on the Great Lakes Region 

7th Extraordinary Summit of Heads of State and Government of the International 
Conference on the Great Lakes Region (ICGLR) on Security Situation in Eastern DRC 
took place in Kampala 

Kampala, Uganda, September 05, 2013: The Heads of State and Government of the 
International Conference on the Great Lakes Region (ICGLR), meeting in Kampala, on 5 
September, 2013 at the invitation of H.E. Mr. Yoweri Kaguta Museveni, President of the 
Republic of Uganda and Chairman of the ICGLR Summit, to discuss the worsening security 
situation in Eastern Democratic Republic of Congo. 

The Summit recalled its decisions made during 6th Extraordinary Summit, held in Nairobi on 31 July 2013 and was Gravely concerned with the resumption of hostilities in eastern Democratic Republic of Congo (DRC) and the worsening security and humanitarian crisis that has resulted in continued deaths of civilians, displacement and suffering of populations. The Summit was concerned that this new escalation of hostilities is an obstacle to the implementation of the Nairobi Extraordinary Summit Declaration of 31 July 2013, and a threat to regional peace and 
security; 

The Summit Welcomed and expressed its full support to the ongoing international efforts to address the crisis in Eastern DRC in particular the UN Framework for Peace, Security and Cooperation for the DRC and the Region, signed in Addis Ababa on 24 February 2013, the UN Security Council Resolution 2098 adopted on 28 March 2013, and reaffirmed the support for the mandate of the UN Special Envoy of the Secretary General to the Great Lakes region; 

The summit reiterated its relentless commitment to find lasting solutions to the prolonged security crisis in eastern Democratic Republic of Congo in the spirit of the Pact on Security, Stability and Development and reaffirm its support to the ongoing Dialogue in Kampala, Uganda, between the Government of the Democratic Republic of Congo and M23, mediated by the current Chairman of the ICGLR in line with the decisions the Heads of State and Government made at their Extraordinary Summit held in Kampala on 24 November 2012; 

The Summit commended the untiring efforts by H.E. President Yoweri Kaguta Museveni, Chairman of the ICGLR Summit in the search for a lasting solution to the security and humanitarian crisis in Eastern DRC and encouraged him to continue with his efforts; 

The summit was attended by: 

1. H.E. Yoweri Kaguta MUSEVENI, President of the Republic of Uganda and current 
Chairperson of the ICGLR 
2. H.E. Jakaya Mrisho KIKWETE, President of the United Republic of Tanzania 
3. H.E. Paul KAGAME, President of the Republic of Rwanda 
4. H.E. Joseph KABILA KABANGE, President of the Democratic Republic of Congo 
5. H.E. Salva Kiir MAYARDIT , President of the Republic of South Sudan 
6. H.E. Laurent KAVAKURE, Minister for External Relations and International 
Cooperation of the Republic of Burundi, 
7. H.E. Charles Richard MONDJO, Minister for Defense of the Republic of Congo 
8. H.E. Amina MOHAMED, Foreign Affairs Cabinet Secretary of the Republic of Kenya 
9. H.E. Wilbur SIMUSA, Minister for Foreign Affairs of the Republic of Zambia 
10. H.E Abdalmahmood Abdal Haleem Mohamed, Director General, Ministry of Foreign 
Affairs 

Present were representatives of: 

1. The African Union, Mrs Nkosazana Dlamini-ZUMA, Chairperson 
2. UN Secretary General Special Envoy to the Great Lakes Region, Mrs Mary ROBINSON 
3. SADC, Dr. Tax L. STERGOMENA, Executive Secretary 
4. EAC, Ambassador, Richard SEZIBERA, Secretary General 

Also present were representatives of the co-opted countries including: 

1. H.E. N.J MASHIMBYE, Republic of South Africa Ambassador to the Democratic 
Republic of Congo; 
2. Brigadier General Marcel R.D CHIRWA (RTD), Deputy High Commissioner of the 
Republic of Malawi Having received reports from the Meetings of the Committee of Ministers of Defence and the Regional Inter ministerial Committee (RIMC) respectively, on the security situation in Eastern DRC, in particular recommendations on addressing the renewed fighting and the consequent security and humanitarian crises, the Summit decided as follows: 

1. Strongly condemn the recent bombings in Munigi and Goma in DRC that have resulted in the death of a Senior UN officer attached to the Intervention Brigade, hundreds of civilians as well as the injury of UN military officers and civilians, and task the Expanded Joint Verification Mechanism (EJVM) to undertake immediate investigations and provide the report thereof to the Committee of Ministers of Defence of the ICGLR as soon as possible; 

2. Strongly condemn the recent bombings from DRC territory that have resulted in the 
deaths of civilians in the territory of Rwanda and direct the EJVM to complete the 
verification process and provide a report to the Chairperson of the Committee of 
Ministers of Defence as soon as possible; 

3. Direct that the Kampala Dialogue resumes within 3 days after this Extra-ordinary Summit and conclude within a maximum period of 14 days during which maximum restraint must be exercised on the ground to allow for talks to conclude. If the Dialogue is not concluded in the time agreed upon, the Chairman of the Summit shall consult his 
colleagues on the way forward; 

4. M23 should put an end to all military activities, and stop war and threats of overthrowing the lawful Government of DRC; 

5. Commit to continue exerting pressure together with our partners in particular the 
Intervention Brigade, on the M23 and all other Negative Forces in Eastern DRC to ensure they stop war; 

6. Accept the request by MONUSCO to have permanent representation in the Expanded 
Joint Verification Mechanism (EJVM), and appeal to MONUSCO to provide logistical 
support to the EJVM to enable it to carry out its mandate effectively; 

7. Directed the Committee of Ministers of Defence to develop guidelines for legal and
diplomatic protection of officers of ICGLR Mechanisms in line with international 
standards and develop a code of conduct for officers serving in such stations; 

8. Direct the Executive Secretary to fast track the release of the funds donated to the EJVM by the European Union through the African Union and commit to honour our financial obligations to the EJVM; 

9. Expressed strong concern on the ongoing humanitarian crisis exacerbated by the recent fighting in eastern DRC and called on the international community to provide urgent humanitarian assistance including food, medicine, tents etc; 

10. Requested the United Nations System to urgently find a definitive solution to the former M23 combatants interned in eastern Rwanda since March 2013; 

11. The Summit accepted the proposal by the SADC Summit held in Lilongwe on 17 -18 August 2013 on convening a joint SADC-ICGLR Summit on the Great Lakes Region and directed the ICGLR Executive Secretary to liaise with the SADC Executive Secretary to organise the Summit. 

END 
Macdonald Mwakasendile – ICGLR Communication Officer- +257 79 856 659, macdonald.mwakasendile@icglr.org 

jeudi 5 septembre 2013

Les concertations en RDC doivent accoucher d'une nouvelle constitution

Quinze décembre 2012 : le président Joseph Kabila déclare son intention d’organiser un forum national avec toutes les forces vives de RDC pour renforcer la cohésion interne du pays. Les concertations commenceront dans la semaine. 

Le pays est en proie à une crise de légitimité, obstacle à la stabilité intérieure. Les conséquences sont fâcheuses. Déchirements politiques, conflits armés récurrents à l’est, pertes en vies humaines, violations des droits humains, déplacements massifs de la population, bref, la psychose générale. Devant cet échec général, le président Joseph Kabila a signé, le 26 juin 2013, une ordonnance présidentielle portant création, convocation et organisation des concertations nationales. Objectif visé : résoudre la crise multiforme qui secoue le pays.

En ma qualité d’originaire de la région la plus troublée de RDC, le Nord-Kivu, une province en guerre, je ne peux cependant que saluer cette initiative qui vise à unir le peuple et faire taire les armes par la voie du dialogue.

Mais je ne salue pas les enfants terribles de la politique, les opposants surtout — les leaders de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social, d'Etienne Tshisekedi), de l’UNC (Union pour la nation congolaise de Vital Kamerhe), du MLC (Mouvement pour la libération du Congo de Jean Pierre Bemba) —, qui prennent en otage la presse pour manifester leur indignation en ce qui concerne ce forum tant attendu.

Ces opposants clament tout haut dans la presse kinoise — et nous rabâchent les oreilles à la radio Okapi — que la convocation de ces concertations ne s'inscrit pas dans la logique de l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba qui stipule qu'un dialogue inclusif doit être convoqué et que les Nations unies doivent faire bonne office de ce forum.

Vous demandez à un déplacé de guerre d'attendre 2016 pour que sa situation s'améliore ?
Ils montrent donc à la face du monde que la RDC est sous tutelle de la communauté internationale parce que, selon eux, toute initiative nationale qui concoure à la paix doit avoir l'aval des Nations unies.

Ils boudent les assises pour attendre les échéances de 2016 afin de passer à l’alternance. Mais qui sait, si, en 2016, le peuple qu’ils veulent diriger sera encore en vie ?

Un déplacé de guerre, qui vit dans un camp de fortune à Goma, sans nourriture, privé d’éducation, vous lui demandez d’attendre 2016 pour que sa situation "s’améliore" ?

Un peu d’indulgence, tout de même. Je comprends leur crainte de revoir les mêmes personnes reprendre les mêmes postes en lieu et place d’une alternance.

Un tournant décisif dans la politique congolaise
Je m’incline devant la sagesse de ceux qui vont prendre part à cette rencontre de paix, mais je leur recommande de la vigilance sur certains aspects.

Les participants désignés devront retenir que ces assises constituent un tournant décisif dans le progrès de la politique congolaise. La gestion de la RDC, leur pays, mon pays, notre pays, n’est pas l’apanage des seuls hommes et femmes politiques. Dans une démocratie, chaque citoyen, de quelque fonction, origine, sexe, religion qu’il soit a droit à la parole et cette dernière doit être prise en compte.

Si les groupes armés ont vu le jour, ont rayonné et se sont distingués dans les actes d’atrocités sur de paisibles populations, c’est parce que leur exclusion était de mise dans les grands forums d’échanges nationaux sur la nation.
Pour des élections crédibles, libres et transparentes
À l’issue de ces assises, j’attends la mise en place d’une nouvelle constitution, génératrice de nouvelles institutions intérimaires en vue de l’organisation rapide d'élections crédibles, libres et transparentes. Nul n’ignore que le pays se meurt à petit feu à cause du manque de légitimité à son sommet.

Rien ne sert de mettre le couvercle sur les vrais soucis de la population qui ne se retrouve pas dans les institutions actuels. Et rien ne sert d'aller l’encontre d’une décision de la masse, car, comme l'adage dit : "seul on peut avoir une partie du changement, mais ensemble on peut tout changer."
Ch.F


http://www.rnw.nl/afrique/article/les-concertations-en-rdc-doivent-accoucher-dune-nouvelle-constitution

lundi 2 septembre 2013

En RDC, une bancarisation... sans banque

Plus d'une année s’est écoulée depuis que le gouvernement congolais a décidé la bancarisation des rémunérations de ses fonctionnaires sur l’ensemble du territoire. Cette décision continue de susciter la colère des agents œuvrant en milieu rural où il n'y a pas de banque.
Photo droits tiers. 
Jules Alimasi est enseignant dans une école secondaire à Walikale. C’est dans une banque de Goma, 220 kilomètres plus loin, qu’est logé son salaire (70 000 francs congolais, soit près de 65 euros). Le chemin est long, la route délabrée, et un aller simple en moto lui coutera 30 000 francs. À Goma, il se débrouille pour loger chez de la famille, mais il devra contacter d’autres connaissances sur place pour avoir d’autres adresses où loger. Pendant ce temps, ses élèves en pleine séance d’examen doivent attendre son retour pour achever l’année scolaire.
Un mois comptait 36, voire 40 jours dans certains bureaux de l’ÉtatEnseignants, médecins, magistrats, policiers, militaires, où qu’ils se trouvent en mission de service, sont désormais payés à la banque. La raison, à en croire le premier ministre Matata Ponyo, est de faire un recensement général du personnel public. Autrefois, la paie se faisait sur la base des listes que détenait le comptable public, qui se déplaçait de la ville vers les milieux ruraux. Mais les comptables publics se plaisaient à gonfler l’effectif d’agents pour se faire payer des salaires dignes et décalaient ainsi les jours de paie ; un mois comptait 36, voire 40 jours dans certains bureaux de l’État. Pour parer à ces manœuvres frauduleuses, on a changé le système : tout agent doit aller toucher lui-même son salaire à la banque, même s’il n’y a pas de banque dans sa localité.
Mais Jules Alimasi n’en peut plus. C’est pour cela qu’il avait décidé de rejoindre les manifestants devant le bureau du ministre provincial de l’enseignement de Goma, le jeudi 2 juin 2013. "Le nouveau système de bancarisation handicape notre travail. Cela nous consomme en temps, en énergie et en coûts. Et au bout du compte, notre salaire s’épuise avant même qu’on ne regagne nos milieux de services", lâchait-t-il banderole en main.

"Ils sont obligés d’attendre des jours et des jours devant nos guichets"
Devant la banque internationale de crédit BIAC/Goma, où une longue file d'agents en attente d’être payés s’est constituée sous un soleil accablant, Joceline Muyembo, enseignante également, paraît visiblement abattue. On lui apporte de l’eau froide et une chaise et c’est avec peine qu’elle sort une parole : "C’est depuis trois jours que je fais des va-et-vient jusqu’à la banque. J’ai dû tout laisser, car ce salaire me fait vivre ma famille et moi. Le comble est que mon nom ne figure pas sur la nouvelle liste, parce que je suis remplaçante et que mon matricule traîne. Ils m’ont donc demandé de patienter, car mon cas est particulier. Trop c’est trop, l’État doit cesser de prendre des mesures brusques, c’est inhumain," regrette-t-elle.
Un banquier de la place explique : "Nous servons nos clients sans aucune discrimination. Seulement pour le cas des agents de l’État, il nous faut avant tout des ordres de virement et des écritures à passer. Mais il arrive que certains d’entre eux se dépêchent vers nos guichets en ville avant d’être informés si l’argent est disponible. C’est ainsi qu’ils sont obligés d’attendre des jours et des jours devant nos guichets. Nous n’y sommes pour rien."
Découverte de 3 500 fonctionnaires fictifs 
Un agent du cabinet du ministre en charge de l’éducation au Nord-Kivu, Vincent M., fustige la décision de bancarisation. "Au quotidien, nous gérons les plaintes des syndicalistes, ainsi que les marches et autres manifestations des agents de l’État, surtout ceux basés en milieu rural où il n y a pas d’institutions financières. Nous avons envoyé à Kinshasa le rapport général de la situation de paie en province du Nord-Kivu et nous espérons qu’une solution sera trouvée incessamment. L’erreur que le premier ministre a faite, c’est de généraliser le système de paie par voie bancaire sans consulter les services publics compétents sur la rationalité de cette décision."
En mai 2013, lors d’une conférence de presse tenue à Kinshasa, le Premier ministre congolais s’était félicité des bénéfices apportés par le nouveau système de paie des agents de l’État. Notamment la découverte de 3 500 fonctionnaires fictifs sur tout le territoire congolais, permettant une économie de 5 millions de dollars américains.
Pour les organisations syndicales, les organisations de défense des droits humains et quelques partis politiques d’opposition, cette décision unilatérale du gouvernement doit être modifiée ou réadaptée, afin d’éviter l’injustice sociale entre agents urbains et ruraux. Le changement, oui, mais sous certaines conditions.
Ch. F. 
Publié précedemment sur RNW, le 22.08.2013. http://www.rnw.nl/afrique/article/en-rdc-une-bancarisation-sans-banque 

Il est temps que l'éducation en RDC prenne un autre chemin

Francophonie déroutante, mauvaise gouvernance et orientation des jeunes illogique. Il est temps que l'éducation en RDC prenne un autre chemin. 
Toute éducation sous-tend la transmission de connaissances aux novices avec comme finalité la transformation de la société, l’acquisition de l’esprit critique et des valeurs humaines universellement admises.
En somme, une tête bien faite plus qu’une tête bien pleine s’il faut paraphraser la philosophie de Montaigne.
Photo droits tiers. 

Une éducation toujours coloniale
Mais en RDC, la réalité est toute autre. L’éducation enseignée dans les hauts lieux de savoir est non seulement désuète parce que remontant à l’époque coloniale mais aussi bourrée de théories abstraites. Il sied de corriger cela  pour un Congo plus humain.
Tenez, par exemple, les échecs sont croissants à chaque fin d’année scolaire ; et ce, parce que l’étudiant ou l’élève est soumis à des épreuves régulières pour prouver sa compréhension des matières apprises selon l’entendement de l’enseignant et non pas selon son propre entendement.
De l'entendement de la langue française
La langue de l'enseignement au Congo est une langue étrangère, le français. Alors que l’enfant côtoie des milieux où sont parlées des langues maternelles et locales : la famille, l’Eglise et les marchés. Il a donc des difficultés pour maitriser et conceptualiser les matières transmises par l’enseignant en français.
S’il doit aller se documenter sur internet et dans les bibliothèques — moins fournies pour la plupart —, l’enfant se bute à ce même problème de langage. Il est donc contraint de suivre les cours en français et de les mémoriser dans sa langue maternelle pour réussir.
Et comme si cela ne suffisait pas, l’enseignant congolais travaille dans des conditions précaires. Il compte sur la prime des parents et le modique salaire de l’État, soit 80 000 francs congolais. Que ce soit au niveau de l’école maternelle, l’école primaire, secondaire et universitaire, le coût de l’éducation est pris en charge par le tuteur ou le parent de l’enfant ; l'État ayant décidé de violer l’article de la constitution qui garantit la gratuité de l’éducation de base à tout congolais.
Les ressources humaines sont gaspillées et utilisées irrationnellement au niveau secondaire et universitaire dans les écoles et universités de la RDC. L’étudiant décide et choisit seul sa filière d’étude sans toutefois tenir compte de ses compétences dans le domaine retenu. 
En lieu et place d’un pharmacien, on retrouve un économiste
Par prestige, certains étudiants choisissent des options et facultés pour trouver difficilement un emploi bureaucratique plutôt que d’opter pour l’apprentissage de métiers manquant cruellement de cadres et d'exécutants et donc aptent à résorber le chômage des jeunes.
C’est une aberration que de voir que ce phénomène s’étend même en milieu professionnel sans faire scandale, le chômage aidant. En lieu et place d’un pharmacien, on retrouve un économiste et vice versa parce qu’étant l’enfant, l’ami ou connaissance du propriétaire de l’officine.
À la lumière de ce qui précède, une question taraude mon esprit. Est-ce l’enseigné ou l’enseignant congolais qui échoue à la fin d’un parcours scolaire, académique ou professionnel à venir ?
Ni l'un ni l'autre. L’échec est à attribuer aux responsables étatiques qui doivent faire preuve de volonté politique pour assurer un climat favorable de transmission de connaissances à tous les citoyens.
CH.F 
Cet article a d'abord été publié sur RNW http://www.rnw.nl/afrique/article/il-est-temps-que-l%C3%A9ducation-en-rdc-prenne-un-autre-chemin, le 01 Août 2013.