mercredi 18 septembre 2013

A Goma, il est difficile de passer son enfance en toute dignité:Témoignage


Agé de 15 ans, Jonas Bandu a emboité le chemin de travail prématurément pour préparer sa vie et aider ses parents aux charges familiales. De visage timide, ce sportif redouté s’adonne sans complexe au travail de revendre l’eau via son vélo qu’il puise au lac Kivu en destination des ménages de son quartier parcourant une distance de près quatre kilomètres par course.

La journée de l’Enfant Africain est célébrée le 16 juin de chaque année. Crée par l’OUA, aujourd’hui UA (Union Africaine ndlr) depuis 1911 en hommage aux victimes du massacre des élèves de Soweto qui manifestait contre le forcing de parler Afrikaans (langue des blancs) en Afrique du Sud ; en cette occasion, chaque Etat africain dresse un état de lieu de la situation des droits des enfants sur son territoire.

En RDC, plusieurs milliers d’enfants n’ont pas accès à l’éducation pour des raisons multiples dont la plus majeure est le chômage de leurs parents. 90% de la population active congolaise n’ont pas d’emploi formel. Cette situation est à la base du désistement des cours des enfants vers les milieux de travail pourtant prohibé par la loi. Le travail des enfants est devenue monnaie courante dès lors.  

J’ai rencontré un enfant qui partage sa dure expérience de travail dans l’informel, comme revendeur d’eau via son vélo.

« Grâce aux coups de main, en période de vacances que j’apportais à mon cousin qui jusqu’aujourd’hui pratique ce travail, j’ai acquis mon vélo à 25 dollars et 6 bidons vides à 3 dollars l’unité.» Raconte, occupé à ranger ses bidons sur son vélo, J. Bandu, avant d’ajouter ceci : « Chaque jour je me réveille à 5 heures du matin en route vers la plage du peuple pour ensuite remonter avec l’eau très tôt quand la clientèle en a besoin.» 

Cet enfant n’est pas le seul à faire ce genre d’activité lucrative pour subvenir aux besoins du ménage. Certains parents, les conditions de vie devenues très précaires à Goma, vont même à contraindre tous leurs enfants de se débrouiller pour leur frais scolaires, nourriture quotidienne, vêtements, souliers et même soins médicaux ; en dépit de l’âge et de la force physique de ces derniers.  


Plutôt que voler, vaut mieux peiner dans l’intégrité. 
J.Bandu nous a confié que les recettes tirées de son travail servent à préparer son année scolaire prochaine sans faire l’objet de plusieurs renvois comme par le passé avant de révéler qu’il contribue un tant soi peu aux charges de sa famille en remettant la moitié de ses recettes à sa maman, sa caissière préférée.

« J’ai abandonné les cours juste au début de cette année suite aux renvois réguliers dont je faisais l’objet par suite de manque des frais scolaires le délai convenu par notre Directeur. Mon père n’a pas d’emploi, ma mère également à cause de multiples guerres et chômage récurrent. Je suis issue d’une famille de 6 enfants. C’est une charge que de supporter toute notre survie. »
Les durs travaux sont interdits pour les enfants au regard des risques qu’ils encourent dans l’exercice de leurs métiers.

« Il m’arrive d’être incapable de me réveiller par suite des maux au dos. C’est un travail lourd que de pousser un vélo contenant 6 bidons de 20 litres chacun pour des sommes modiques en plus. Je gagne après avoir souffert. Mais c’est ça la vie chez nous. Il est écrit, dit-il tu mangeras à la sueur de ton front. Plutôt que voler, vaut mieux peiner dans l’intégrité. 
En dépit de ces souffrances, Jonas Bandu nourrit des rêves fabuleux.

« Devenir grand joueur de football comme Messi c’est mon rêve.» Révèle-t-il.

Pour rendre effectif ce rêve de J. Bandu, les autorités congolaises devraient songer et dans un délai court à rétablir la paix à l’Est de la RDC et à créer l’emploi pour les parents, conséquences de stabilité et d’essor pour l’assurance vie, éducation, santé, etc. de tous. Ch. F.  

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