mardi 30 octobre 2012

LA RDC A BESOIN DE LEADERS DIGNES

Défense de la chute de Goma : tous les espoirs reposent sur la Monusco. Le Rwanda plus puissant que la RDC ?

casques-bleus.jpgDepuis quelques semaines, des bruits persistants font état de l’imminence de la chute de Goma. Le M23 s’activerait pour prendre le contrôle de cette ville chef lieu de la province du Nord Kivu. Des positions avancées de cette rébellion seraient déjà dans ses périphéries, estiment certaines sources. Jouant à l’apaisement des esprits surchauffes des habitants de Goma,  la Monusco a annoncé sa détermination à empêcher l’entrée de ces rebelles au chef lieu de la province du Nord Kivu. Et, ce ne sont pas des actions qui manquent. Les casques bleus multiplient des patrouilles sur le lac Kivu pour parer à toute éventualité. Des chars et blindés de la Monusco sont postés sur les différents lieux stratégiques de cette ville. Tout serait mis en œuvre pour que Goma ne tombe pas (logistique, ration alimentaire et primes pour les FARDC). Un appui à la hauteur du défi à relever.

Pour les responsables de la Monusco la chute de cette ville risque d’entamer la crédibilité de leur organisation tant dans l’opinion nationale qu’auprès des autorités congolaises qui ont souvent déploré sa « passivité » face aux malheurs du peuple congolais. D’où cet acharnement à tout faire pour éviter le pire et redorer l’image « ternie » de la Monusco.  Au delà de cette considération, Goma est une grande base de la Monusco qu’il faut bien défendre. Certains cadres de la Monusco/Goma auraient même proposé le transfert de certains effets de leur organisation à Bunia en guise de prévention.

Craindre de rééditer le cas de Bunagana

Il y a peu, la Monsuco avait mobiliser les mêmes énergies pour contrer le M23 à Bunagana. Tout a était mis en œuvre pour soutenir les FARC et empêcher la chute de cette localité frontalière de l’Ouganda. Blindés, chars, hélicoptères, ration alimentaire, médicaments et primes de soldats ont été mis à la disposition des FARDC par la Monusco. Des campements des militaires ont été même construits avec des fonds de la Monusco. Comme si cela ne suffisait pas, une délégation conduite par le premier Ministre congolais accompagné de plusieurs ministres a été invitée à Bunagana pour voir ces dispositifs mis en place par la Monusco. C’était une manière de rassurer le gouvernement congolais des efforts consentis pour mettre fin au phénomène M23. Hélas, deux jours seulement de combat avaient suffit pour mettre en déroute les FARDC présents à Bunagana.  Cette localité était passée sous le contrôle de M23 en dépit des efforts consentis par la Monusco.

Sans l’appui des FARDC, la Monusco ne peut rien

Malgré  tout ce que la Monusco peut déployer comme moyens logistiques, les résultats seront très maigres sans l’apport efficace des FARDC. La Monusco se limite à soutenir les forces armées de la RDC. Il appartient à ces dernières de combattre réellement pour sauvegarder l’intégrité territoriale du Congo. Les casques bleus ne combattront pas en lieu et place des militaires congolais. L’armée nationale doit apprendre à développer la capacité de pouvoir bien se défendre contre l’ennemi. Jusqu’ à preuve du contraire la Monusco n’a que le mandat de la protection des populations civiles. Il ne faut pas attendre d’elle plus. La détermination à défendre la ville de Goma devrait plutôt provenir des FARDC.

Le Rwanda plus puissant que la RDC ?

Depuis le déclenchement de la rébellion de M23, les autorités congolaises et même une bonne frange des congolais essaient de trouver des justifications à l’inefficacité de l’armée nationale congolaise sur le terrain des affrontements. La plus grande d’entre elles c’est le soutien présumé que le Rwanda porte au M23. L’on veut couvrir tous les déboires connus par les FARDC par le seul fait que le pays de Paul Kagame est derrière ces rebelles. Veut-on par là attester que le Rwanda a une suprématie militaire sur la RDC ?  Que non. L’on ne doit pas faire croire au peuple congolais que l’armée congolaise est incapable de faire face à l’armée rwandaise. De tout le temps, l’armée congolaise était la plus puissante de la région de grands lacs. L’on devrait se poser la question de savoir le pourquoi de cette contreperformance qu’affichent les forces armées de la RDC ces jours.

Le gouvernement congolais doit vite œuvrer pour redonner à notre armée les moyens de son action.

Que l’on ne nous fasse pas croire qu’en cas d’une guerre entre le Rwanda et la RDC le vainqueur sera le Rwanda. Les vaillants militaires congolais sont capables de bien de choses. Le géant RDC n’a pas le droit de subir des humiliations de la part du Rwanda. Il doit y avoir des raisons internes qui ne permettent pas à l’armée congolaise de jouer pleinement son rôle de défendre son pays. Le Congo doit reprendre sa place de locomotive de l’Afrique centrale. Cela nécessite que ce pays se dote des dirigeants à la hauteur de réaliser cette ambition.

Joska Kaninda
Journal le Millenaire

vendredi 26 octobre 2012

La RDC perd une place dans le nouveau classement de la Banque mondiale.


Doing Business 2013 : La RDC à la traîne

Classée 181ème pays sur 185, la République démocratique du Congo (RDC) peine à améliorer son climat des affaires. La RDC perd une place dans le nouveau classement de la Banque mondiale. Corruption et mauvaise gouvernance expliquent les mauvais résultats de la RDC. Le gouvernement congolais promet que les réformes en cours porteront leurs fruits sur le classement 2014.

Capture d’écran 2012-10-25 à 21.13.49.pngCantonnée au fond du classement Doing Business depuis plusieurs années, la République démocratique du Congo recule d'une place dans l'édition 2013. La RDC est placée à la 181ème position sur 185. Le classement de la Banque mondiale est basé sur dix indicateurs : la création des entreprises, l'octroi des permis de conduire, le raccordement à l'électricité, le transfert des propriétés, l'obtention des prêts, la protection des investisseurs, le paiement des impôts, le commerce transfrontalier, l'exécution de contrat et le règlement de l'insolvabilité.

Les raisons du mauvais climat des affaires qui règne en RDC sont connues depuis longtemps : corruption et mauvaise gouvernance. En République démocratique du Congo, les surcoûts associés à la corruption se chiffrent entre 30 à 40% de la valeur de la transaction, alors qu'ils ne sont que de 10 à 30% dans le reste de l'Afrique. Dans le pays, 90% de l'économie est dite "informelle" et seulement 400.000 comptes bancaires sont ouverts pour pratiquement 70 millions d'habitants.

Selon l'économiste congolais, Oasis Kodila Tedika, la corruption est inscrite dans les moeurs du Congo et touche toutes les strates de la société. Au niveau de l'Etat, Oasis Kodila Tedika, estime que 55% des recettes échappent au Trésor congolais à cause de la fraude fiscale liée à la corruption. Le manque à gagner serait estimé à 800 millions de dollars, soit environ 12% du PIB du pays.

Le rapport du conseiller anti-corruption des Nations unies, en visite dernièrement à Kinshasa, ne laisse entrevoir aucun progrès en matière de lutte anti-corruption. "Les résultats ont été mitigés. L’une des raisons majeures est le manque de volonté politique pour lutter contre la corruption, même au plus haut niveau de l’Etat", a affirmé le professeur Muzong sur Radio Okapi.

Pourtant, le gouvernement congolais affirme avoir fait de nombreux efforts. Plusieurs réformes ont été lancées récemment : un nouveau code des douanes, la mise en place récente de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée), ainsi qu'un "remodelage" du code minier de 2002. Les autorités congolaises ont également mis en place récemment un Comité de pilotage pour l'amélioration du climat des affaires et des investissements (CPACAI). En avril, la RDC a aussi adhéré à l'OHADA, l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires. Le Comité de pilotage estime que la RDC est "sur la bonne voie" et que "le rapport Doin Business 2014 sera totalement différent. Des réformées courageuses ont été initiées". Prenons donc rendez-vous pour l'année prochaine. Mais, pour ne parler que du code des douanes, sa réforme était déjà en cours en 2005, lors de mon premier voyage en RDC, sous la houlette du ministre des finances de l'époque, André-Philippe Futa. Et depuis cette date… peu de progrès ont été réalisés.

Paradoxe du classement, le Rwanda voisin est classé dans les 3 pays d'Afrique les mieux placés. Le Rwanda est également cités en exemple par la Banque mondiale pour sa réussite économique. Kigali est surtout accusé par un rapport des Nations-unies de soutenir la rébellion du M23 à l'Est et de "s'approvisionner" en matières premières dans les Kivus, riches en minerais… ceci explique peut-être cela.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Arrestation arbitraire d'un militant de droit de l'homme à Bukavu.

FLASH URGENT: Notre ami Ir Fabien Bika ingénieur Informaticien de profession et militant des droits humains/Sud-Kivu a été enlevé et est détenu jusqu'à ce jour à la 10 ème région militaire/Bukavu, depuis le 21.09.2012 à 1 heure du matin alors qu'il dormait paisiblement chez lui. On l'accuse injustement de porter atteinte à la sûreté de l'Etat chose qu'il rejette catégoriquement. Il dénonçait seulement le système actuel de mal gouvernance. Compatriotes Kongolais agissons main dans la main pour exiger sa libération et faire régner la démocratie chez nous en RDC.

mercredi 24 octobre 2012

Les morts oubliés du régime Kabila


Même si le général Jonh Numbi ne comparaîtra pas au procès en appel sur le dossier CHEBEYA mais l'histoire nous en dira un peu plus sur d'autres dossiers. 

Les morts oubliés du régime Kabila 
By Colette Braeckman
Le procès en appel de Floribert Chebeya doit reprendre cette semaine et la date du 23 octobre pourrait s’avérer décisive.
Sans que nul n’ose affirmer clairement qu’il entend faire pression sur les juges, il est évident que la médiatisation extrême du procès, dont les révélations de Paul Mwilambwe concernant l’implication supposée du président Kabila lui-même ne sont qu’un dernier exemple, amène à conclure que, s’ils veulent rendre crédible la procédure, les juges n’ont d’autre choix qu’inculper directement le général John Numbi qui était à l’époque chef de la police ! Comment examiner sereinement les faits dans un tel climat ?
Malheureux Floribert Chebeya ! Le zèle dont il fait l’objet, la récupération politique qui s’installe autour de sa mémoire ne risquent-elles pas de ternir l‘image de ce militant courageux et indépendant ? On finira par se demander quelles sont les raisons qui motivent réellement cette pressante sollicitude française, qui, en d’autres époques , ne s’est guère manifestée à propos du journaliste Norbert Zongo assassiné au Burkina Faso, parmi d’autres exemples…
En outre, la focalisation autour du procès Chebeya, que Thierry Michel a tout de même reçu l’autorisation de filmer, risque d’éclipser d’autres affaires, au moins aussi problématiques pour le pouvoir et qui n’ont jamais trouvé le début d’une élucidation ou d’un procès.
Parmi les « affaires étouffées » rappelons le cas de Claude Duvignaud, un sujet belge assassiné dans la nuit du 14 au 15 février 2007 à Beni. Jusqu’alors planteur de café, bien connu dans l’Est du Congo et dans le « Grand Nord », Duvignaud a été assassiné à son domicile alors qu’il venait de commencer à s’intéresser à l’exploitation minière.
La nuit de sa mort, sa sentinelle a été ligotée et jetée dans la piscine. Quant au responsable local de l’ANR qui avait entamé une enquète, il fut lui aussi assassiné. « Affaire hautement sensible » laissa entendre à l’époque l’ambassade de Belgique, qui n’intervint que très mollement…
Faut il parler des journalistes disparus, abattus à bout portant comme Serge Maheshe, rédacteur en chef de radio Okapi ou Déo Namujimbo, lui aussi journaliste onusien à Bukavu, du militant des droits de l’homme Pascal Kabungulu, d’Achille Paluku directeur de l’aviation civile à Bukavu, assassiné le 25 mars 2008 à Bukavu par ‘des hommes en uniforme » qui parlaient lingala…
Quant à Albert Prigogine-Ngezayo, grand défenseur des parcs naturels de l’Est du Congo, dont toute la famille est belge, qui était l’une des figures les plus connues et les plus populaires de Goma, il fut assassiné le 13 mars 2008 à Goma. Le crime fut commis dans l’un des lieux les plus « sécurisés » de la ville : en face du bureau des renseignements militaires, à proximité du Parquet de la République et non loin de la résidence officielle du gouverneur de la province. Un vendeur de journaux, témoin de la scène, qui aurait pu identifier les assaillants, a été liquidé sans délai…
Lors de ce qu’il faut bien appeler une exécution, aucun responsable des forces de sécurité n’est intervenu au moment des tirs. Un témoin affirme aujourd’hui qu’il aurait été recruté à l’époque par le commandant de la 8eme région militaire du Nord Kivu (aujourd’hui en charge des opérations au Sud Kivu) mais comment vérifier ses dires, comment le confronter avec d’autres récits et témoignages : malgré les efforts de la famille, aucun procès n’a encore été ouvert…
En matière de défense des droits de l’homme, Floribert Chebeya était le plus ancien, le plus courageux, le plus radical des militants. Mais il ne faudrait pas que l’ombre de ce baobab éclipse d’autres crimes, d’autres affaires non élucidées…
Si le Premier Ministre Matapa Mponyo veut récurer les écuries d’Augias, il devra avoir un long balai…

mardi 16 octobre 2012

A qui profite les retombées du XIV sommet de la Francophonie???

RDC : Un Sommet pour rien ?
Le 14ème Sommet de la Francophonie s'est clôturé dimanche 14 octobre à Kinshasa. Sans surprise, Paris et Kinshasa ont joué leur partition : François Hollande défendant les "valeurs de la Francophonie" et les droits de l'homme et Joseph Kabila, droit dans ses bottes, et "pas du tout complexé par le niveau de démocratie" de son pays. A l'heure des bilans, que doit-on retenir du ce Sommet ?

Hollande Kabila.pngLa tension était au rendez-vous samedi à Kinshasa. Poignée de main pas vraiment franche, sourires crispés, François Hollande et Joseph Kabila ont joué à fleuret moucheté par discours interposés. François Hollande avait pris soin de "déminer" le terrain quelques jours avant son arrivée en déclarant que "la situation en RDC était tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie et de la reconnaissance de l'opposition". A Kinshasa, les propos ont été plus "mesurés", diplomatie oblige. Mais François Hollande a gardé le cap : "tout dire" au président Kabila. En retour, le président français a eu droit à un discours très ironique de Joseph Kabila : "nous pratiquons la démocratie dans ce pays par conviction. Conviction, et non pas par contrainte". Voilà pour les paroles.

Quelles sont les leçons de ce Sommet ?

Pour Thierry Vircoulon, responsable de l'Afrique centrale d'International Crisis Group (ICG), outre la libération "surprise" de Diomi Ndongala, un opposant détenu au secret depuis 4 mois et "mystérieusement" relâché 24 heures avec le Sommet, la visite de François Hollande a été porteuse de 3 bonnes nouvelles. La première est que le président français "a brisé le consensus du silence des Occidentaux sur le régime congolais". Selon ce chercheur, François Hollande a été "clair et sans ambiguïté, contrairement à d'autres diplomaties européennes qui sont en permanence dans l'ambiguïté et soutiennent à la fois l'oppresseur et l'opprimé". Deuxième bon point pour le président français : l'accent mis sur "la nécessité du soutien à la société civile qui est fondamentale pour la démocratisation de la RDC". Et enfin, toujours d'après Thierry Vircoulon, François Hollande "a été moteur pour l'adoption de la recommandation de l'OIF(Organisation Internationale de la Francophonie) concernant l'adoption de sanctions par l'ONU à l'encontre de tous ceux qui soutiennent des groupes armés dans l'Est de la RDC".

Les paris gagnés et perdus de Joseph Kabila

Le Mali mis à part (la Francophonie a soutenu le principe d'une intervention armée), les sanctions ciblées contre les responsables d’exactions, ainsi que la poursuite en justice des criminels de guerre au Nord-Kivu, ont été l'une des résolutions prises à Kinshasa. Cette décision constitue d'ailleurs la principale "victoire" de Kinshasa au Sommet.

Pour François Muamba, ancien ministre du MLC de Jean-Pierre Bemba et aujourd'hui président de son propre parti, l'ADR (Alliance pour le Développement et la République), la condamnation de l'agression à l'Est est trop timide. Le Sommet était "une opportunité, pour la RDC, d'obtenir un engagement fort de la Communauté francophone à l'aider à dégager de son sol les forces négatives". François Muamba dénonce les "résolutions polies (…) laissant seule la partie congolaise résoudre l'agression extérieure dont elle est victime". "Il est vérifié qu'aucun pays au monde ne peut trouver de salut, s'il est dans l'obligation de sous-traiter sa défense et sa sécurité" estime-t-il. Côté politique, François Muamba est plus positif. Selon lui, force est de constater que le président Kabila a gagné plusieurs paris. Pari sécuritaire et logistique, mais surtout politique Selon François Muamba, qui rappelons-le est toujours dans l'opposition, Joseph Kabila a su montrer aux caméras du monde entier, que "les affres électoraux de l'année dernière appartenaient désormais au passé". François Muamba note que le fait que "François Hollande ait pu défendre les thèses soutenues par l'opposition congolaise à Kinshasa" sans ouvrir de crise diplomatique entre la France et la RDC est "un hommage de démocrate de François Hollande rendu à Joseph Kabila".

Les droits de l'homme au coeur de la Francophonie

Depuis Paris, Gaspard-Hubert Lonsi Koko, responsable d'opposition du RDPC, est avant tout satisfait que "la démocratie et les droits fondamentaux aient occupé une place prépondérante". Favorable à la tenue du Sommet à Kinshasa, contrairement à la majorité de l'opposition qui demandait sa délocalisation, Lonsi Koko a beaucoup apprécié la position du président français sur le risque de balkanisation de la RDC. Pour François Hollande, les "frontières héritées de la colonisation sont intangibles", prenant ainsi le contre-pied de Nicolas Sarkozy qui souhaitait un "partage des richesses congolaises" avec le Rwanda. Depuis plus de 6 mois, l'Est du pays est en effet en proie à une rébellion qui menacent de prendre le contrôle du Nord-Kivu.

Même son de cloche pour Paul Nsapu, défenseur des droits de l'homme. Le secrétaire général de la FIDH (Fédération international des droits de l'homme)s'estime lui aussi satisfait de la visite du président Hollande, "les droits de l'homme ayant été au centre du déplacement présidentiel". Pour autant, Paul Nsapu reste sur sa fin concernant les promesses du gouvernement congolais. Kinshasa n'a pas donné suite à la demande de libération de prisonniers politiques et pendant le Sommet de la Francophonie, "il y a eu des violations des droits de l'homme" (des manifestants de l'UDPS ont été violemment dispersés lors de manifestations). Ce qui est positif pour Paul Nsapu, c'est que maintenant, "la communauté internationale sera plus regardante sur le procès Chebeya en cours". Depuis l'assassinat du défenseur des droits de l'homme, Floribert Chebeya en juin 2010, un proche du président Kabila, John Numbi, soupçonné d'être le principal commanditaire du meurtre, n'est toujours pas sur le banc des accusés. Le 23 octobre prochain la Cour militaire doit statuer sur son sort.

Quelles seront les retombées du Sommet ?

Pour Thierry Vircoulon d'International Crisis Group, "on peut s'attendre à deux changements". Et d'abord un changement "du discours occidental à l'égard de Kinshasa". Selon le chercheur, "le président français a été suivi par le premier ministre canadien qui a insisté sur la bonne gouvernance en RDC et a souhaité que les sommets de l'OIF se tiennent dans des démocraties". Une position commune franco-canadienne qui "tranche avec le silence assourdissant de la Belgique et de la Suisse" note Thierry Vircoulon. "Mais elle est sans doute le prélude à une libération de la parole du côté des chancelleries occidentales qui, jusqu'à présent, se contentaient de dire tout bas ce que les Congolais de la rue disent tout haut", poursuit-il. Enfin, Thierry Vircoulon entrevoit également un changement dans le domaine des aides à la RDC. Selon lui, "les bailleurs occidentaux vont sans doute réévaluer la manière dont ils "aident" la RDC et consacrer plus d'attention à la société civile".

Notons enfin, que les multiples pressions des ONG, des opposants politiques, de certains médias, qui demandaient à François Hollande, de ne pas se rendre à Kinshasa pour ne pas cautionner le régime de Joseph Kabila, ont fini par payer. Le président français a durcit ses positions dans les dernières semaines avant l'ouverture du Sommet. Une demi-victoire, en espérant que la France continue de garder un oeil sur l'avancée des droits de l'homme à Kinshasa.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

lundi 8 octobre 2012

La guerre du M23 racontée à un enfant

Est de la RDC, région qui croule sous les exactions durables.
Les FARDC en patrouille mixte avec les casques bleus de la Monuc à Mbwavinya. Photo MONUC / Marie Frechon (2008).

Ils sont estimés à plus de 30.000 personnes déplacées de guerre contraints à survivre dans le camp de fortune de Kanyaruchinya, cité située à 7 Kms de la ville de Goma, capitale de la Province du Nord-Kivu/RDC. Depuis il y a peu, 2.000 personnes se sont jointes au calvaire fuyant les tracasseries et exactions commis à leur endroit par les mutins du M23 (Mouvement du 23 mars). Elles viennent de Kiwandja, Rutshuru-centre, Rugari et Rumanganbo, contrées sous contrôle des mutins du M23 depuis le mois de mai 2012.

De quelle guerre il s’agit ici ?

Avril 2012, la Cour Pénale Internationale « pour l’Afrique » décide de mettre la main sur le co-équipier de Thomas Lubanga condamné pour conspiration et enrôlement d’enfants dans l’armée rebelle en Ituri (Province Orientale) en 2007. Bosco Ntanganda, pourtant officier supérieur au sein des Forces Armées de la RDC (FARDC) dans le Nord-Kivu se rend compte des projecteurs tournés sur sa personne.
Avec la complicité du régime de Kinshasa qui avait déjà donné la garantie d’amnistie aux anciens belligérants des guerres à l’Est ; afin que règne la paix sur toute l’étendue de la RDC ; celui-ci se retranche dans sa ferme à Masisi un des territoires du Nord-Kivu.
Peu de temps après ce replis ; un mouvement de défections au sein de l’armée congolaise s’observe. Interrogé, certains hommes de rang précisent que leur sécurité n’est pas garantie sans la présence de Bosco Ntaganda dans les FARDC.
L’on peut affirmer sans peur d’être contredit que la majorité des militaires ex-CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) ancien mouvement rebelle actif à l’Est de la RDC avec à la tête Laurent Nkunda en 2009 s’est retranchée dans le Masisi pour faire front commun avec Bosco Ntaganda. Du coup, le CNDP - jadis transformé en parti politique de la majorité présidentielle après la signature des accords du 23 mars 2009 à Goma ; conséquence de la fin des hostilités en échange de l’amnistie des seigneurs de guerre, l’intégration des acteurs politiques dans l’appareil politique et la reconnaissance des grades de leurs officiers supérieurs - se transformât en Mouvement du 23 mars. Tête d’affiche un ancien officier FARDC le Colonnel Sultani Makenga. Déshabillé Saint Pierre pour habiller Saint Paul, le M23 au début revendique l’application effective des accords du 23 mars à Goma mais peu de temps après leur cahier de charge s’élargit ; car il exige la vérité des urnes des élections présidentielles et législatives de 2011 plébiscitées simulacres et dénuées de toute vérité.
Plutôt que de se mettre sur la table de négociation ; le régime de Kinshasa procède à la radiation des anciens officiers Fardc ayant rejoint la mutinerie du M23 puis déclenche la guerre à ces mutins. Des centaines des personnes fuient les affrontements et s’installent à Goma dans le camp de Mugunga III et d’autres traversent la frontière congolo-rwandaise s’estimant menacées du fait de leur expression rwandaise. Ces derniers décident de quitter Masisi pour aller s’installer dans les collines de Rusthuru à proximité du Rwanda. A Runyoni.
Résultat, Territoire de Rusthuru dans sa majorité est tombé entre les mains des mutins pourtant en petit nombre que l’armée régulière.
Des déplacements des populations innocentes, des pertes en vies humaines dans les rangs des belligérants sont enregistrées. 
Au niveau de la communauté régionale (CIRGL), africaine (Union Africaine) et internationale (ONU), les esprits s’agitent. Des tractations sont organisées mais avec un déséquilibre avéré car seul les animateurs des institutions publiques prennent part aux assises. Aucun délégué de la mutinerie. Et pour cause ; le Rwanda « parrain » de la mutinerie est considéré comme partie protagoniste aux affrontements entre le régime et la mutinerie. Erreur ou coup d’épée dans l’eau ???
Plusieurs observateurs nationaux et internationaux présentent des preuves d’appui de la République Rwandaise à la mutinerie mais là n’est pas la solution car l’aile politique du M23 est mise au point et là où le bas blesse c’est la présence des citoyens congolais en tête d’affiche ; le Bishop RUNIGA.
D’aucuns se demandent si, ce phénomène ne peut être considéré comme preuve de soutien de la RDC au M23 ? Et si c’est le cas pourquoi se battre contre sa propre patrie ? Se cogner la tête contre un mur avec force, c’est la folie.

Jambes politique et militaire privilégiées en même temps en projection de la fin des hostilités à l’Est de la RDC.

Le régime de Kinshasa est en phase de recrutement des hommes actifs dans les groupes armés « d’auto-défense » couramment appelés Mai-mai présents dans la Province du Nord-Kivu pour renforcer les militaires Fardc afin de mater les mutins du M23. Au niveau régional, la Conférence Internationale pour la Région des Grands-Lacs envisage pour sécuriser les frontières congolo-rwandaises de mettre en œuvre une force internationale neutre en dehors de celle présente depuis plus d’une décennie, la Monusco (Mission de l’Organisation des nations unies pour la Stabilisation de la RDC). Cette force neutre sera portée à la charge de quel pays, quel organisme, quel ; quel ; quel…
Au même moment ; des concertations hors micro sont entreprises pour tenter de ramener sur la table de négociation toutes les parties prenantes. WAIT AND SEE disent les anglais.

Dans l’entre temps, ces milliers des déplacés ne savent à quel saint se vouer. Au gouvernement congolais ? Ils reçoivent de l’assistance humanitaire une fois les deux semaines et sont obligés de mendier pour nouer les deux bouts du mois. Renter dans leurs milieux d’origine ? Les mutins du  M23 les soumettent à d’énormes tracasseries administratives,  exigences et exactions ; pourtant en milieu « rural » ? Avoir des installations hygiéniques par ménage ; recensement forcé et payant des paysans ; Paiement d’impôts et taxes sur personnes et sur patrimoine.   Le seul choix qui les reste est de tourner leur regard vers les cieux. Car la Sagesse de la Bible dit : « Dieu est le maître de l’impossible ».