jeudi 5 septembre 2013

Les concertations en RDC doivent accoucher d'une nouvelle constitution

Quinze décembre 2012 : le président Joseph Kabila déclare son intention d’organiser un forum national avec toutes les forces vives de RDC pour renforcer la cohésion interne du pays. Les concertations commenceront dans la semaine. 

Le pays est en proie à une crise de légitimité, obstacle à la stabilité intérieure. Les conséquences sont fâcheuses. Déchirements politiques, conflits armés récurrents à l’est, pertes en vies humaines, violations des droits humains, déplacements massifs de la population, bref, la psychose générale. Devant cet échec général, le président Joseph Kabila a signé, le 26 juin 2013, une ordonnance présidentielle portant création, convocation et organisation des concertations nationales. Objectif visé : résoudre la crise multiforme qui secoue le pays.

En ma qualité d’originaire de la région la plus troublée de RDC, le Nord-Kivu, une province en guerre, je ne peux cependant que saluer cette initiative qui vise à unir le peuple et faire taire les armes par la voie du dialogue.

Mais je ne salue pas les enfants terribles de la politique, les opposants surtout — les leaders de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social, d'Etienne Tshisekedi), de l’UNC (Union pour la nation congolaise de Vital Kamerhe), du MLC (Mouvement pour la libération du Congo de Jean Pierre Bemba) —, qui prennent en otage la presse pour manifester leur indignation en ce qui concerne ce forum tant attendu.

Ces opposants clament tout haut dans la presse kinoise — et nous rabâchent les oreilles à la radio Okapi — que la convocation de ces concertations ne s'inscrit pas dans la logique de l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba qui stipule qu'un dialogue inclusif doit être convoqué et que les Nations unies doivent faire bonne office de ce forum.

Vous demandez à un déplacé de guerre d'attendre 2016 pour que sa situation s'améliore ?
Ils montrent donc à la face du monde que la RDC est sous tutelle de la communauté internationale parce que, selon eux, toute initiative nationale qui concoure à la paix doit avoir l'aval des Nations unies.

Ils boudent les assises pour attendre les échéances de 2016 afin de passer à l’alternance. Mais qui sait, si, en 2016, le peuple qu’ils veulent diriger sera encore en vie ?

Un déplacé de guerre, qui vit dans un camp de fortune à Goma, sans nourriture, privé d’éducation, vous lui demandez d’attendre 2016 pour que sa situation "s’améliore" ?

Un peu d’indulgence, tout de même. Je comprends leur crainte de revoir les mêmes personnes reprendre les mêmes postes en lieu et place d’une alternance.

Un tournant décisif dans la politique congolaise
Je m’incline devant la sagesse de ceux qui vont prendre part à cette rencontre de paix, mais je leur recommande de la vigilance sur certains aspects.

Les participants désignés devront retenir que ces assises constituent un tournant décisif dans le progrès de la politique congolaise. La gestion de la RDC, leur pays, mon pays, notre pays, n’est pas l’apanage des seuls hommes et femmes politiques. Dans une démocratie, chaque citoyen, de quelque fonction, origine, sexe, religion qu’il soit a droit à la parole et cette dernière doit être prise en compte.

Si les groupes armés ont vu le jour, ont rayonné et se sont distingués dans les actes d’atrocités sur de paisibles populations, c’est parce que leur exclusion était de mise dans les grands forums d’échanges nationaux sur la nation.
Pour des élections crédibles, libres et transparentes
À l’issue de ces assises, j’attends la mise en place d’une nouvelle constitution, génératrice de nouvelles institutions intérimaires en vue de l’organisation rapide d'élections crédibles, libres et transparentes. Nul n’ignore que le pays se meurt à petit feu à cause du manque de légitimité à son sommet.

Rien ne sert de mettre le couvercle sur les vrais soucis de la population qui ne se retrouve pas dans les institutions actuels. Et rien ne sert d'aller l’encontre d’une décision de la masse, car, comme l'adage dit : "seul on peut avoir une partie du changement, mais ensemble on peut tout changer."
Ch.F


http://www.rnw.nl/afrique/article/les-concertations-en-rdc-doivent-accoucher-dune-nouvelle-constitution

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