A Monsieur le président de la République Démocratique du Congo
Objet : Mon Indignation au sujet de l’arrestation du député Nzangi Butondo, élu de Goma
Monsieur le président de la République,
La courtoisie voudrait que je commence cette lettre par la formule protocolaire introductive connue de tous : « j’ai l’honneur ». Cependant, le degré extrême de mon indignation me pousse à aller droit au but. D’ailleurs, comment est-ce possible d’exprimer l’honneur quand on est poignardé dans le dos par ceux qui sont censés assurer notre protection ?
En effet, Monsieur le président, vos services de renseignement et
de sécurité nous ont arrachés, comme dans un rêve, notre vénérable et honorable député national, Nzangi Butondo, un
élu de Goma, venu en vacances
parlementaires, membre du MSR (Mouvement Social pour le Renouveau), parti
membre de votre majorité, ce dimanche 11 Août 2013 autour de 12h00, juste après
son intervention dans une émission politique d’une chaine locale. On l’a acheminé manu militari par le premier avion
en partance pour Kinshasa. Un élu du peuple traité comme un va-nu-pieds. Je pense que certains détails vous échappent quant au
respect et à la mise en œuvre de la démocratie. Le droit est clair à ce sujet, tout
présumé coupable est innocent avant sa condamnation.
A votre avis, dire tout haut que vous êtes le chef suprême de l’armée congolaise, est-ce une divulgation du secret-défense de la République ou encore une atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de la nation ? C’est connu de tous que vous êtes le commandant suprême. Le rappeler ne constitue pas, à notre humble avis, un motif d’arrestation.
A votre avis, dire tout haut que vous êtes le chef suprême de l’armée congolaise, est-ce une divulgation du secret-défense de la République ou encore une atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de la nation ? C’est connu de tous que vous êtes le commandant suprême. Le rappeler ne constitue pas, à notre humble avis, un motif d’arrestation.
Je suis convaincue que vous avez trop d’affaires sur votre table pour répondre
à ma lettre, mais je tiens tout de même à vous révéler qu’en tant que digne
fille de Goma, il me serait impardonnable de rester indifférente face à un
verdict que d’aucuns qualifient déjà d’immoral, de corrompu, de pourri, de
vil et de perverti. Et cela est une honte pour la justice congolaise qui
réconforte sa réputation de justice à double vitesse. Je vous adresse
cette lettre parce que vous êtes, dans ce dossier, le seul à poser un
geste magnanime pour sortir du pétrin une personnalité dont vous-même êtes
témoin de ses actions justes pour la population qu’il représente à la chambre
basse du parlement. Point n’est besoin de vous rappeler qu’il fait partie de
votre majorité et donc, vous êtes plus qu’invité à réagir rapidement parce que
c’est l’honneur et la cohésion de votre famille politique qui sont remis en
doute quant au sérieux et au souci du bien être de la population congolaise en
général, et du peuple du Nord Kivu en particulier.
Ecrouer le député Muhindo Nzangi à trois ans de prison ferme revient à
scier la branche sur laquelle vous vous appuyez. Cette condamnation
fragilisera, si ce n’est déjà le cas, votre dignité de garant et de chef
suprême de la majorité présidentielle car il nous semble que c’est l’image de
la majorité qui est souillée et ternie. Un adage africain dit : « les liens
familiaux valent plus que toute autre chose au monde parce qu’on partage le
même sang. ». En paraphrasant cet adage, il ressort que vous partagez du point
de vue politique le même sang que tous les députés de la majorité. Tous les
membres du corps humain ou d’un parti politique (parce que c’est de cela qu’il
s’agit), sont indispensables. Quand le doigt est malade, c’est tout le corps qui
souffre avec lui et l’on s’examine pour être en forme avant d’entreprendre quoi
que ce soit. Ne pas soigner une pathologie, bénigne soit-elle, n’est pas le
propre de l’humain.
Ce pays, votre pays, mon pays, notre pays la RDC a de sérieux et multiformes
problèmes et il nous faut des gens sérieux pour les affronter et les résoudre. Je
pense fermement que le député Muhindo Nzangi fait partie de cette frange
d’hommes politiques qui vous aideront à la recherche des solutions aux
problèmes épineux des guerres à répétition qui sévit dans la sous-région des
grands lacs. Soucieux de l’avenir de son pays, il était en droit de critiquer
les tares constatées dans la manie de gérer la guerre qui sévit à l’Est du pays,
qui plus est sa terre natale. Les critiques construisent et forgent. Il y a
urgence, il faut agir.
Dans l’attente d’une suite favorable, daignez Monsieur le Président de la République, accorder une grâce présidentielle au détenu Muhindo Nzangi pour tenir lieu de votre magnanimité que nul ne peut contester au Congo Démocratique.
Dans l’attente d’une suite favorable, daignez Monsieur le Président de la République, accorder une grâce présidentielle au détenu Muhindo Nzangi pour tenir lieu de votre magnanimité que nul ne peut contester au Congo Démocratique.
Fait à Goma, le 16.08.2013
Chantal Faida Mulenga-byuma
Militante pour le changement
Député Muhindo en veste de détenu devant la cour suprême de justice. Photos droits tiers |
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