Après que
nombre de congolais aient commémoré dans la méditation, l’indépendance du Congo,
notre mère patrie, j’ai choisi comme votre fille idéologique, de célébrer l’anniversaire
de votre venue sur cette terre des hommes en ce mardi 2 juillet, date inconnue
de beaucoup. Cette date m’a semblé propice et significative pour donner réponse
à votre lettre.
Père
Patrice Emery Lumumba,
Votre
lettre, je l’ai reçue. Vous ne pouvez pas imaginer combien elle m’a remplie de
joie mais aussi de crainte et de tremblement. La joie de se savoir connue et
aimée d’un héros national que vous êtes. Je me suis écriée : qui suis-je,
moi, pour avoir ce privilège ? Crainte et tremblement de ne savoir
pas trop bien comment m’y prendre pour répondre à votre lettre tant elle est
profonde et révélatrice de nos défaillances ! Je donne raison à Birago
Diop : « Les morts ne sont pas morts ». Ils écoutent et ils voient
mieux que nous. Laisse-moi vous dire que cela fait quelques jours seulement
qu’un de mes compatriotes m’a surnommée « Fille de Lumumba ». Alors
que je savourais encore cette « sur-nomination », votre lettre m’est
parvenue. Coïncidence ou hasard ? Je ne le sais.
Votre
lettre, je l’ai lue et relue. Joie, crainte et tremblement s’entremêlaient et
montaient d’un cran au fil de lecture. Il a fallu un temps pour que je me
ressaisisse afin de vous répondre. A vrai dire, je n’étais pas encore née
pendant cette période de l’indépendance. Mes parents biologiques, eux, ils
étaient déjà venus au monde. Eux, ils ont été « témoins » de
l’histoire, mais moi, je voudrais être parmi les « actrices » de
l’histoire. C’est ce qui explique mon tout « petit engagement » (comparativement
à vous !) pour l’avènement d’un Congo nouveau. La tâche est ardue. Merci
infiniment de me le rappeler. Mais comme vous et sur vos traces, autant que
faire se peut, je brûle d’envie de traduire en acte les trois
verbes : Renoncer, dénoncer, annoncer.
Extirper la résignation de mon cœur. Monter haut le flambeau d’un avenir beau
de mon pays. Ne pas hypothéquer l’indépendance et barrer la route à celles et
ceux qui s’amusent à ce jeu de l’hypothèque. Un programme ambitieux m’habite.
Si de l’Au-delà où vous êtes, vous pouvez soutenir mes bras dans ce combat pour
qu’ils ne baissent pas, je vous serais gré et reconnaissante.
Je me suis
demandée si, après lecture et relecture de votre lettre, il faille que je vous
promette quelque chose, au regard de ce que vous avez enduré pour notre pays.
Une toute petite promesse tout de même: je vous promets d’être désormais
optimiste comme vous l’avez été. Croire de toutes mes forces que l’avenir du
Congo finira par être beau, même si, de temps en temps, ce qui se passe me
pousse à la révolte et au découragement.
Vous
l’aurez remarqué : je n’ai pas voulu trop commenter sur ceux qui ont pris
le pouvoir dans ce pays, les uns par un coup d’Etat, les autres par les armes,
d’autres encore par « héritage ». Les résultats parlent
d’eux-mêmes : Plus de cinquante ans, nous tournons en rond et le monde
entier se moque de nous. Je sais seulement une chose et je le redis avec
Abraham Lincoln : « On peut tromper tous les hommes, une partie de
temps. Tout le temps, une partie des hommes. Mais, on ne peut pas tromper
tous les hommes, tout le temps ». La vérité va les rattraper, tôt ou tard.
Dans votre
lettre, vous vous plaigniez de n’avoir pas eu de sépulture digne d’un premier
ministre de notre pays. Je vous le concède et je partage pleinement votre
regret. Je sais une chose : La
véritable tombe des morts, c’es le cœur des vivants. Les cœurs des
congolais battent pour vous. Nous ne vous oublierons jamais. Et encore :
La bonne manière de célébrer les funérailles d’un grand héros national de votre
rang, c’est de porter votre tablier tombé à terre lors de votre assassinat et
de nous remettre au travail pour assurer notre indépendance. Pour le
héros de votre trempe qui avez versé votre sang sur cette terre congolaise, ma
foi me dit que votre vie n’est pas détruite, elle est transformée. Je crois
fermement que maintenant vous avez une demeure éternelle dans l’Au-delà, mieux
que les mausolées hypocrites qu’on a construit soit disant en votre
« mémoire » çà et là dans ce pays.
Vous
l’avez dit et je l’admets : Ce qui va vous consoler, c’est qu’il y a
déjà une génération consciente qui est en train de monter et qui est déjà en
action. J’en fais partie et j’en parle à celles et ceux qui m’entourent pour le
rallier à cette cause noble.
Même si
vous le saviez déjà, il n’est pas inutile de vous rappeler que cette lettre, je
vous l’écris depuis le Nord-Kivu où coule à flots le sang des filles et des
fils de ce pays par les guerres à répétition, errance de populations et par les
viols sous toutes ses formes. Cette province jadis comparée à un paradis, est
devenue une zone « rouge » par la méchanceté des nos gouvernants et
des hommes de mauvaise volonté. De là-haut, si vous pouvez inspirer à nos
dirigeants de pensée de paix et non de malheur pour leur propre peuple, nous vous
resteront reconnaissants.
Wow. Note to self. Learn French it is your only hope when it comes to keeping up with Chantal. :-)
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