mercredi 5 juin 2013

Lettre ouverte d’une congolaise à la première dame française Valérie Trierweiler

Quand je vois que vous déclarer main sur le cœur un front aux crimes odieux commis dans ma région, je ne tremble pas de reconnaissance bien au contraire je me dis que c’est juste une réparation qui va nous être faite. 

La semaine dernière, Valérie Trierweiler, première dame de France, a plaidé devant l'ONU la cause de milliers de femmes violées à l'est de la RDC. 


Chère Valérie Trierweiler,
Je salue votre engagement et votre détermination fermes bien que tardifs pour la cause de plus de 500 000 femmes victimes de violences sexuelles en RDC.
Je dois par ailleurs relever que cette démarche pèche par le fond et la forme.
La forme parce que les données en votre possession vous ont été fournies par vos collaborateurs et donc ne reflètent pas la réalité. Or, on ne peut pas guérir une maladie si le diagnostic est biaisé. Tout traitement de quelque grand médecin, qui qu’il soit, est sans effet si on ne touche pas la vraie cause de la maladie.
Les causes profondes des violences sexuelles seront à votre portée une fois que vous serez sur le terrain au Kivu, à Goma, où des centaines de milliers de victimes se retrouvent dépourvues de leur dignité. Elles vous relateront les circonstances dans lesquelles elles ont été violées et quelles solutions elles envisageraient pour se tirer de cette situation de dépression dans laquelle elles se trouvent.
Le fond de votre combat est oblique. Quand vous plébiscitez la fin de l’impunité des auteurs de viols comme panacée à ces crimes odieux, vous ignorez la souffrance qu’endurent ces victimes de viol. C’est ignorer les méandres dans lesquels fonctionnent la justice congolaise. C’est ignorer ou omettre volontairement les causes profondes des cycles de violences congolaises.
Je crois que le mieux pour vous serait de mettre le doigt sur l’origine et la cause des guerres en RDC. Il vous reviendra qu’avant les années 1994, les violences sexuelles étaient à compter au bout du doigt à l’est de la RDC. La guerre est née dans cette région parce que les pays dont vous êtes citoyenne ont laissé faire.
En votre qualité de première dame de la République française, vous pourriez, pour une bonne lutte contre les violations des droits humains, vous engager pour la fin de l’impérialisme dans nos pays africains, pour le gel des appuis occidentaux aux groupes rebelles qui écument notre région et pour l’arrêt de la vente des armes de guerre.
J’attends de votre part une prise de position officielle et claire afin de condamner ces dérives belliqueuses des pays occidentaux. Votre rang vous le permet.

Chantal Faida
Goma 04.06.2013
Cet article a d'abord été publié sur le site RNW le 04.06.2013

1 commentaire:

  1. Nous espérons surtout que François HOLLANDE saura se distancer de la politique menée dans la région des Grands Lacs par son prédécesseur Nicola SARKOZI, qui, pour on ne sait quel gain, s’est clairement aligné sur le Rwanda ; estimant que la RDC était victime de son désordre interne. Ce qui de facto légitimait les incursions à répétition et l’occupation rwandaises de l’Est de la RDC, avec ses crimes corolaires.
    Mais la Charte de l’Union Africaine qui régit les frontières entre les états africains ne dispose d’aucune provision autorisant l’invasion des territoires des pays moins organisés.
    Le Rwanda qui est responsable de tous ces crimes commis dans l’Est de la RDC mérite l’isolement diplomatique de la part de tous ceux pensent qu’il y a encore de la place pour le bon sens en politique internationale.

    RépondreSupprimer