Connu du grand public nord-kivutien pour ses prises de
position fermes concernant la gouvernance démocratique en province, (question
orale avec débat aux mandataires des entreprises publiques, motion de censure
de défiance au gouverneur de la province, contrôle parlementaire, etc.) l’élu
de Béni, Jaribu Muliwavyo a vu sa liberté d’expression et de mouvement entamée
depuis plusieurs mois déjà et ce, sous
l’œil indifférent des autorités compétentes.
Musellement, jugements extrajudiciaires, menaces d’arrestation, attaque
armée qu’on attribue à des bandits inconnus et perquisition de sa résidence, il
nous a livré, avec peine, sa part de vérité quant à ce. Une main
noire manigance toutes ces scènes macabres pour
l’affaiblir et le tuer politiquement. Il y a plus : On cherche à le coincer dans ses actions, pourtant saluées par nombre d’habitants du Nord-Kivu qui
considèrent naïvement que tout député est censé porter le fardeau et les soucis de ses électeurs :
construction des Routes, travaux d’adduction d’eau potable à la population, créer des emplois, etc. Nous
vous livrons ici l’interview qu’il a bien voulu accorder à Chantal Faïda, sans
se faire supplier.
Chantal
Faida (Ch. F) : A votre avis qu’est- ce
qui serait à la base de votre psychose et nouvelle vie de clandestinité
pour vous et vos dépendants actuellement?
Jaribu Muliwavyo (J.M) : Désolé que la situation aie évoluée et
aie prit des allures qui frisent à instaurer une situation de non
loi et de violence.Pour rappel : Tout a
commencé avec l’interpellation que j’ai adressée au coordonnateur
provincial du Foner (Fonds National d’Entretien Routier. ndlr).
Ce dernier a fait savoir que des sommes colossales ont été décaissées pour
réhabiliter les routes d’intérêt provincial et que, par
voie de conséquence, devait faire intervenir le gouverneur pour d’amples explications.
Voulant me lancer dans ce jeu démocratique, voulu par toute la population qui
voyait les routes se détériorer du sud au nord et de l’est à l’ouest de la
province, le concerné a considéré cette
interpellation comme
manœuvre de nuisance, craignant d’être éjecté de sa chaise de patron de la province.
Ch. F : Si je vous comprends bien, l’objet de vos
menaces actuelles se résume à l’exercice de vos missions régaliennes de député
comme il se doit ? Le jeu démocratique ? Mais d’aucuns pensent que
c’est puisque vous travaillez en vase-clos, sans
associer vos collègues. Est-ce
vrai ?
J. M. : Pas
du tout ! La dernière plénière où il fallait introduire la signature de la
motion de défiance contre le gouverneur qui a été l’initiative de députés
de tous les horizons, majorité et opposition, veux je dire ; témoignent
qu’un bon nombre d’élus sont sensibles à la mauvaise gestion dont la population
du Nord-Kivu est victime. C’est pourquoi des mécanismes pour museler
l’Assemblée Provinciale notamment, les perquisitions, les jugements hors-la-loi et les
attaques des résidences des députés sont entrepris. Tout ceci vise à intimider,
faire peur et empêcher que les élus ne jouent plus correctement leur rôle.
Voilà à quel niveau je situe les trois dernières attaqués contre ma résidence
et dont deux dernières ont fait la Une des
débats de rues en province, au pays et ailleurs. Mais, nous ne
nous fatiguons pas car le peuple souffre de cette megestion lui imposée
par ceux qui sont à la tête de la province. Je ne suis pas le seul.
Ch. F : La province
est gérée dans la mal gouvernance totale, avez-vous dit. Devenir
gouverneur du Nord-Kivu, est- ce que ce poste vous
tente t-il?
J. M : (Sourire ndlr). Non !
Pas du tout. Je n’ai pas cette ambition. Ma carrière de professeur me suffit.
Néanmoins, tant que je jouis de la confiance du peuple qui m’a donné son
mandat, j’ai l’obligation d’agir conformément à sa volonté. Le contraire, c’est
une trahison, ce qui est contre les bonnes mœurs. Toute fois, je
suis de ceux qui croient que le pouvoir provincial actuel au Nord-Kivu ne convient plus pour les
nord-kivutiens du fait de sa sclérose (immobilisme) mais aussi de sa
manducation politique (politique du ventre) qui se lit dans le chef de celui qui le dirige. Nous plaidons donc
pour un nouveau souffle, une nouvelle vision.
Ch. F. : Avez-vous une idée ou
proposition éventuelle à l’endroit des forces de l’ordre, à
mettre en œuvre, pour que vous puissiez recouvrer votre
liberté ?
J. M. : J’ai besoin de la
sécurité autant que toute la population du Nord-Kivu. La démocratie veut que la
population puisse jouer correctement son rôle civique. Elle doit pousser le parlement provincial à finaliser la démarche déjà
entamée au travers d’une pétition
populaire et la motion de députés qui, malheureusement, trainent dans les tiroirs du
Bureau de l’Assemblée Provinciale, on ne sait pour quelle raison. Ce sont des actions
constitutionnelles. Les choses doivent changer en commençant par la tête de la
province, car le poisson commence à pourri par la tête, dit-on. Ce qui reste c’est de louer et de remercier
le soutien dont j’ai été bénéficifaire de la part de la population pendant les moments
difficiles. Prenons courage !
Ch. F. : Vous êtes de la même
ethnie (Nande) avec l’actuel gouverneur de province Julien Paluku Kahongya.
Vraisemblablement le« kihanda »
(entendez mutualité des membres de l’ethnie nande) vous considère comme un enfant égaré des yira (autre
appellation de l’ethnie nande). Votre opinion quant à ce ?
J. M. : Les
communautés dans une action parlementaire ? Je ne pense pas. Mais si cela
était possible, les nandes seraient les premiers à soutenir toute action contre
le pouvoir actuel du Nord-Kivu. D’abord à travers tous les enlèvements en
territoire de Beni (526 cas) de 2011 à nos jours, les assassinats à Beni et à
Lubero. Les incendies dans la région de Kanyobayonga (2308 maisons).
Voilà le bilan non exhaustif du règne de Julien Paluku dans le milieu Nande.
Sans compter le nombre d’assassinats dans les deux villes Beni et Butembo. Le
peuple Nande n’est pas aveugle pour soutenir ces atrocités.
Ch. F : Merci
Jaribu Muliwavyo : Tout le plaisir était pour moi.
Propos recueillis par CH. F.
Bloggeuse.
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