lundi 8 octobre 2012

La guerre du M23 racontée à un enfant

Est de la RDC, région qui croule sous les exactions durables.
Les FARDC en patrouille mixte avec les casques bleus de la Monuc à Mbwavinya. Photo MONUC / Marie Frechon (2008).

Ils sont estimés à plus de 30.000 personnes déplacées de guerre contraints à survivre dans le camp de fortune de Kanyaruchinya, cité située à 7 Kms de la ville de Goma, capitale de la Province du Nord-Kivu/RDC. Depuis il y a peu, 2.000 personnes se sont jointes au calvaire fuyant les tracasseries et exactions commis à leur endroit par les mutins du M23 (Mouvement du 23 mars). Elles viennent de Kiwandja, Rutshuru-centre, Rugari et Rumanganbo, contrées sous contrôle des mutins du M23 depuis le mois de mai 2012.

De quelle guerre il s’agit ici ?

Avril 2012, la Cour Pénale Internationale « pour l’Afrique » décide de mettre la main sur le co-équipier de Thomas Lubanga condamné pour conspiration et enrôlement d’enfants dans l’armée rebelle en Ituri (Province Orientale) en 2007. Bosco Ntanganda, pourtant officier supérieur au sein des Forces Armées de la RDC (FARDC) dans le Nord-Kivu se rend compte des projecteurs tournés sur sa personne.
Avec la complicité du régime de Kinshasa qui avait déjà donné la garantie d’amnistie aux anciens belligérants des guerres à l’Est ; afin que règne la paix sur toute l’étendue de la RDC ; celui-ci se retranche dans sa ferme à Masisi un des territoires du Nord-Kivu.
Peu de temps après ce replis ; un mouvement de défections au sein de l’armée congolaise s’observe. Interrogé, certains hommes de rang précisent que leur sécurité n’est pas garantie sans la présence de Bosco Ntaganda dans les FARDC.
L’on peut affirmer sans peur d’être contredit que la majorité des militaires ex-CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) ancien mouvement rebelle actif à l’Est de la RDC avec à la tête Laurent Nkunda en 2009 s’est retranchée dans le Masisi pour faire front commun avec Bosco Ntaganda. Du coup, le CNDP - jadis transformé en parti politique de la majorité présidentielle après la signature des accords du 23 mars 2009 à Goma ; conséquence de la fin des hostilités en échange de l’amnistie des seigneurs de guerre, l’intégration des acteurs politiques dans l’appareil politique et la reconnaissance des grades de leurs officiers supérieurs - se transformât en Mouvement du 23 mars. Tête d’affiche un ancien officier FARDC le Colonnel Sultani Makenga. Déshabillé Saint Pierre pour habiller Saint Paul, le M23 au début revendique l’application effective des accords du 23 mars à Goma mais peu de temps après leur cahier de charge s’élargit ; car il exige la vérité des urnes des élections présidentielles et législatives de 2011 plébiscitées simulacres et dénuées de toute vérité.
Plutôt que de se mettre sur la table de négociation ; le régime de Kinshasa procède à la radiation des anciens officiers Fardc ayant rejoint la mutinerie du M23 puis déclenche la guerre à ces mutins. Des centaines des personnes fuient les affrontements et s’installent à Goma dans le camp de Mugunga III et d’autres traversent la frontière congolo-rwandaise s’estimant menacées du fait de leur expression rwandaise. Ces derniers décident de quitter Masisi pour aller s’installer dans les collines de Rusthuru à proximité du Rwanda. A Runyoni.
Résultat, Territoire de Rusthuru dans sa majorité est tombé entre les mains des mutins pourtant en petit nombre que l’armée régulière.
Des déplacements des populations innocentes, des pertes en vies humaines dans les rangs des belligérants sont enregistrées. 
Au niveau de la communauté régionale (CIRGL), africaine (Union Africaine) et internationale (ONU), les esprits s’agitent. Des tractations sont organisées mais avec un déséquilibre avéré car seul les animateurs des institutions publiques prennent part aux assises. Aucun délégué de la mutinerie. Et pour cause ; le Rwanda « parrain » de la mutinerie est considéré comme partie protagoniste aux affrontements entre le régime et la mutinerie. Erreur ou coup d’épée dans l’eau ???
Plusieurs observateurs nationaux et internationaux présentent des preuves d’appui de la République Rwandaise à la mutinerie mais là n’est pas la solution car l’aile politique du M23 est mise au point et là où le bas blesse c’est la présence des citoyens congolais en tête d’affiche ; le Bishop RUNIGA.
D’aucuns se demandent si, ce phénomène ne peut être considéré comme preuve de soutien de la RDC au M23 ? Et si c’est le cas pourquoi se battre contre sa propre patrie ? Se cogner la tête contre un mur avec force, c’est la folie.

Jambes politique et militaire privilégiées en même temps en projection de la fin des hostilités à l’Est de la RDC.

Le régime de Kinshasa est en phase de recrutement des hommes actifs dans les groupes armés « d’auto-défense » couramment appelés Mai-mai présents dans la Province du Nord-Kivu pour renforcer les militaires Fardc afin de mater les mutins du M23. Au niveau régional, la Conférence Internationale pour la Région des Grands-Lacs envisage pour sécuriser les frontières congolo-rwandaises de mettre en œuvre une force internationale neutre en dehors de celle présente depuis plus d’une décennie, la Monusco (Mission de l’Organisation des nations unies pour la Stabilisation de la RDC). Cette force neutre sera portée à la charge de quel pays, quel organisme, quel ; quel ; quel…
Au même moment ; des concertations hors micro sont entreprises pour tenter de ramener sur la table de négociation toutes les parties prenantes. WAIT AND SEE disent les anglais.

Dans l’entre temps, ces milliers des déplacés ne savent à quel saint se vouer. Au gouvernement congolais ? Ils reçoivent de l’assistance humanitaire une fois les deux semaines et sont obligés de mendier pour nouer les deux bouts du mois. Renter dans leurs milieux d’origine ? Les mutins du  M23 les soumettent à d’énormes tracasseries administratives,  exigences et exactions ; pourtant en milieu « rural » ? Avoir des installations hygiéniques par ménage ; recensement forcé et payant des paysans ; Paiement d’impôts et taxes sur personnes et sur patrimoine.   Le seul choix qui les reste est de tourner leur regard vers les cieux. Car la Sagesse de la Bible dit : « Dieu est le maître de l’impossible ».

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