Pour endiguer la crise qui gangrène l'Est de la RDC et
saisissant l'opportunité de la visite ce 11.09.2012 du Secrétaire général
adjoint des Nations Unies pour les Opérations de maintien de la paix, Monsieur
Hervé Ladsous, les jeunes conscientisés et révoltés de Goma viennent de sortir
un Mémorandum exigeant la révision du mandat de la Monusco de manière à le
restreindre au rétablissement rapide de la paix et de la sécurité en République
Démocratique du Congo.
Ci-joint l’intégralité du Mémoradum.
LA MEILLEURE MANIERE DE NOUS PROTEGER, NOUS, CIVILS
CONGOLAIS, C’EST DE NOUS RETABLIR LA PAIX ET LA SUCURITE : LA MONUSCO DOIT Y
ŒUVRER OU S’EN ALLER
Mémorandum adressé à Monsieur Hervé Ladsous, Secrétaire
général adjoint des Nations Unies pour les Opérations de maintien de la paix
Goma, le 11 septembre 2012
Monsieur le Secrétaire général,
1. Le but primordial des Nations Unies est de « maintenir la
paix et la sécurité internationales et à cette fin : prendre des mesures
collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la paix et
de réprimer tout acte d'agression ou autre rupture de la paix […] » ;
2. La République Démocratique du Congo, notre pays, se
trouve en situation de rupture de la paix et d’agression, et les conséquences
sont incommensurables pour nous. Certes, il est de la responsabilité première
du gouvernement de la République Démocratique du Congo d’assurer la paix et la
sécurité à l’intérieur de ses frontières et de protéger la population, mais il
est évident qu’il n’en est pas capable pour le moment, et la MONUSCO, en tant
qu’instrument de la solidarité internationale à notre égard, ne sert à rien si
elle ne peut pas suppléer à cette lacune et rétablir la paix rompue depuis tant
d’années ;
3. La Résolution 2053 du 27 juin 2012 qui prolonge le mandat
de la MONUSCO jusqu’au 30 juin 2013 comporte beaucoup trop d’assignations, qui
finalement effacent l’essentiel, à savoir le rétablissement de la paix et de la
sécurité, et rendent la Mission inefficace, inutile, voire outrageante à nos
yeux. La Résolution 2053 comporte plus ou moins 19 assignations à la MONUSCO,
telles que fixées dans la résolution 1925, paragraphe 12, points (a) à (p) et
(r) à (t), sans compter d’autres « soutiens » au gouvernement de la RDC dans
une pléthore de domaines. Il en a été ainsi depuis la création de la MONUC
jusqu’à ce jour, et voilà plus d’une décennie que nous attendons en vain la
précieuse paix ;
4. Nous sommes fatigués de mourir et souffrir sous le regard
quasiment passif des Nations Unies à travers la MONUSCO, et nous ne pouvons pas
attendre plus longtemps. De fait, alors même qu’il est affirmé que la priorité
actuelle de la MONUSCO est la protection des civils (résolution 2053,
paragraphe 1), nous avons plusieurs fois été témoins des situations
d’insécurité grave où les Casques bleus restent enfermés dans leurs camps, la
population n’ayant d’autre choix que de se cantonner tout autour (Mushaki,
Kiwanja, Bunagana, Rugari, …). Pire, il est arrivé parfois que dans l’imminence
des attaques, la MONUSCO lève tout simplement le camp (cela s’est récemment
passé à Rubare, en territoire de Rutshuru, notamment). Si sa présence ne peut
pas servir à nous rendre ce que le gouvernement n’est pas capable de nous
assurer, alors nous préférons nous passer d’un tel outrage. C’est pourquoi nous
vous enjoignons de faire tout ce qui est en votre pouvoir, y compris saisir le
Conseil de sécurité, pour que :
5. Le mandat de la MONUSCO doit être revu rapidement de
manière à le restreindre aux seules assignations véritablement essentielles et
prioritaires, à savoir :
a. Le rétablissement rapide de la paix et de la sécurité en
République Démocratique du Congo, car c’est l’unique manière de protéger
efficacement les civils que nous sommes. L’inverse ne se vérifie pas ;
b. La formation de nouvelles forces de sécurité de la
République Démocratique du Congo, de manière à nous préparer à assurer notre
propre résilience en matière de paix et de sécurité, car tout le reste
(démocratie, justice, développement, …) en dépend.
6. Pour ce faire, les Nations Unies devraient adopter un
plan clair en termes d’objectifs, de résultats ; un plan limité dans le temps,
et non plus des mandats indéfiniment renouvelés sans aucune vision à terme,
sans jamais atteindre des résultats tangibles, en gaspillant beaucoup de
ressources, et sans permettre aux congolais de préparer la relève des Nations
Unies ;
7. Que la MONUSCO nous rétablisse donc la paix et la
sécurité ; que pour les maintenir et de les consolider, elle forme de nouvelles
forces de sécurité congolaises ; alors elle pourra se retirer avec la certitude
d’avoir rendu le peuple congolais à jamais reconnaissant envers les Nations
Unies. Cela contribuerait véritablement à la consolidation des avancées
significatives auxquelles la communauté internationale nous avait aidés à
parvenir au cours des dernières années, avec notamment la réunification du pays
et l’amorce du processus démocratique. Si par contre elle ne peut pas le faire,
c’est que sa présence ne se justifie pas, et elle doit s’en aller, maintenant.
Nous n’en attendons rien d’autre.
Fait à Goma, le 11 septembre 2012
CONTACT :
printemps.rdc@gmail.com
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