mardi 2 juillet 2013

Réponse de la fille idéologique Chantal Faida à son père Lumumba.


Après que nombre de congolais aient commémoré dans la méditation, l’indépendance du Congo, notre mère patrie, j’ai choisi comme votre fille idéologique, de célébrer l’anniversaire de votre venue sur cette terre des hommes en ce mardi 2 juillet, date inconnue de beaucoup. Cette date m’a semblé propice et significative pour donner réponse à votre lettre.

 

Père Patrice Emery Lumumba,

Votre lettre, je l’ai reçue. Vous ne pouvez pas imaginer combien elle m’a remplie de joie mais aussi de crainte et de tremblement. La joie de se savoir connue et aimée d’un héros national que vous êtes. Je me suis écriée : qui suis-je, moi, pour avoir ce privilège ? Crainte et tremblement  de ne savoir pas trop bien comment m’y prendre pour répondre à votre lettre tant elle est profonde et révélatrice de nos défaillances ! Je donne raison à Birago Diop : « Les morts ne sont pas morts ». Ils écoutent et ils voient mieux que nous. Laisse-moi vous dire que cela fait quelques jours seulement qu’un de mes compatriotes m’a surnommée « Fille de Lumumba ». Alors que je savourais encore cette « sur-nomination », votre lettre m’est parvenue. Coïncidence ou hasard ? Je ne le sais.

Votre lettre, je l’ai lue et relue. Joie, crainte et tremblement s’entremêlaient et montaient d’un cran au fil de lecture. Il a fallu un temps pour que je me ressaisisse afin de vous répondre. A vrai dire, je n’étais pas encore née pendant cette période de l’indépendance. Mes parents biologiques, eux, ils étaient déjà venus au monde. Eux, ils ont été « témoins » de l’histoire, mais moi, je voudrais être parmi les « actrices » de l’histoire. C’est ce qui explique mon tout « petit engagement » (comparativement à vous !) pour l’avènement d’un Congo nouveau. La tâche est ardue. Merci infiniment de me le rappeler. Mais comme vous et sur vos traces, autant que faire se peut, je brûle d’envie de  traduire en acte les trois verbes : Renoncer, dénoncer, annoncer. Extirper la résignation de mon cœur. Monter haut le flambeau d’un avenir beau de mon pays. Ne pas hypothéquer l’indépendance et barrer la route à celles et ceux qui s’amusent à ce jeu de l’hypothèque. Un programme ambitieux m’habite. Si de l’Au-delà où vous êtes, vous pouvez soutenir mes bras dans ce combat pour qu’ils ne baissent pas, je vous serais gré et reconnaissante.

Je me suis demandée si, après lecture et relecture de votre lettre, il faille que je vous promette quelque chose, au regard de ce que vous avez enduré pour notre pays. Une toute petite promesse tout de même: je vous promets d’être désormais optimiste comme vous l’avez été. Croire de toutes mes forces que l’avenir du Congo finira par être beau, même si, de temps en temps, ce qui se passe me pousse à la révolte et au découragement.
Vous l’aurez remarqué : je n’ai pas voulu trop commenter sur ceux qui ont pris le pouvoir dans ce pays, les uns par un coup d’Etat, les autres par les armes, d’autres encore par « héritage ». Les résultats parlent d’eux-mêmes : Plus de cinquante ans, nous tournons en rond et le monde entier se moque de nous. Je sais seulement une chose et je le redis avec Abraham Lincoln : « On peut tromper tous les hommes, une partie de temps. Tout le temps, une partie des hommes. Mais, on ne peut pas tromper tous les hommes, tout le temps ». La vérité va les rattraper, tôt ou tard.
Dans votre lettre, vous vous plaigniez de n’avoir pas eu de sépulture digne d’un premier ministre de notre pays. Je vous le concède et je partage pleinement votre regret. Je sais une chose : La véritable tombe des morts, c’es le cœur des vivants. Les cœurs des congolais battent pour vous. Nous ne vous oublierons jamais. Et encore : La bonne manière de célébrer les funérailles d’un grand héros national de votre rang, c’est de porter votre tablier tombé à terre lors de votre assassinat et de nous remettre au travail pour assurer notre indépendance.  Pour le héros de votre trempe qui avez versé votre sang sur cette terre congolaise, ma foi me dit que votre vie n’est pas détruite, elle est transformée. Je crois fermement que maintenant vous avez une demeure éternelle dans l’Au-delà, mieux que les mausolées hypocrites qu’on a construit soit disant en votre « mémoire » çà et là dans ce pays.

Vous l’avez dit  et je l’admets : Ce qui va vous consoler, c’est qu’il y a déjà une génération consciente qui est en train de monter et qui est déjà en action. J’en fais partie et j’en parle à celles et ceux qui m’entourent pour le rallier à cette cause noble.

Même si vous le saviez déjà, il n’est pas inutile de vous rappeler que cette lettre, je vous l’écris depuis le Nord-Kivu où coule à flots le sang des filles et des fils de ce pays par les guerres à répétition, errance de populations et par les viols sous toutes ses formes. Cette province jadis comparée à un paradis, est devenue une zone « rouge » par la méchanceté des nos gouvernants et des hommes de mauvaise volonté. De là-haut, si vous pouvez inspirer à nos dirigeants de pensée de paix et non de malheur pour leur propre peuple, nous vous resteront reconnaissants.

1 commentaire:

  1. Wow. Note to self. Learn French it is your only hope when it comes to keeping up with Chantal. :-)

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