Mouvement
du 23 Mars : perception des habitants de Goma ?
L’adoption le 28 mars
dernier au conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 2098 qui crée une brigade d’intervention
rapide avec un mandat robuste et offensif d’empêcher l’expansion des groupes
armés, de les neutraliser et de les désarmer à
l’Est de la RDC suscite des réactions négatives dans le chef du M23, un de
groupes armés visé par la résolution, actif au Nord-Kivu depuis Avril 2012.
Tout le monde le sait :
on attribue à ce mouvement plusieurs dégâts humains et matériels lors des
affrontements entre ses militaires et l’armée loyaliste d’abord en Novembre
2012, cause de la chute de la ville de Goma et ensuite entre eux-mêmes en Mars
2012. Ce qui a abouti à la reddition du redoutable seigneur de guerre à la CPI
via l’ambassade des USA au Rwanda, le 18 mars 2013 Bosco Ntanganda.
Désormais le mouvement du
23 mars qui pourtant se retrouve sur la table de négociation à Kampala,
capitale ougandaise avec le pouvoir de Kinshasa pour évaluer les accords signés
le 23 mars 2009 à Goma, se livre à une propagande visant à désapprouver cette
résolution.
Il a donc pris
l’initiative d’écrire à la RSA et à la Tanzanie, pays favorables à l’envoi des
troupes dans cette brigade les priant de rejeter cette résolution alléguant le
ménagement de la population au bain de sang que cela engendrait. Dans un autre
communiqué rendu récemment, il affirme être prêt à réagir s’il venait à être
attaqué par cette brigade d’intervention qui sera incorporée au sein de la
Monusco, mission onusienne en RDC.
Dans cette situation effervescente,
nous avons pris l’initiative d’aller à la rencontre de la population de Goma
pour récolter les avis et opinions sur l’action de la rébellion du M23 taxée de
force négative par le gouvernement congolais en dépit de la poursuite de leurs
pourparlers à Kampala.
La
population de Goma dit ses quatre vérités
« Le M23 est une
création pure et simple du pouvoir illégal et illégitime de Kinshasa. Il veut
blanchir le simulacre d’élection de Novembre 2011 dont ils sont issus en créant
des groupes armés ici et là. Sinon où trouve-t-ils leurs armes ? C’est une
stratégie de manipulation qui consiste à créer des problèmes puis après venir
en messie, sapeur pompier, en apportant des solutions préétablies pour se faire
applaudir. Le peuple n’est pas naïf ; nous les attendons au tournant. »
Ainsi fulmine, l’air inquiet, un conducteur de taxi bus à Goma.
Pour un analyste et cadre
dans une société de transport locale : « Ce mouvement n’est rien
d’autre qu’un bouclier du Rwanda contre les FDLR (Forces De Libération du
Rwanda, Hutu qui ont migré vers la RDC en 1994 lors du génocide). Ils ont comme
mission l’interposition pour éviter le retour de ces derniers en République Rwandaise.
D’où l’appui en hommes et en munitions de la part de son parrain le chef de
l’Etat Rwandais et son allié de l’Uganda Kaghuta Museveni. »
« La communauté
internationale a des visées belliqueuses dans la région orientale de la RDC. Il
instrumentalise les citoyens congolais dépourvus de sens patriotisme et
d’autres étrangers pour déstabiliser les coins stratégiques de notre pays. Tout
ceci au grand dam de la population civile, car elle est contrainte à l’exile
forcé, elle périt, elle est violentée ; bref la somalisation de l’Est de
la RDC. Aucun mensonge ne peut durer éternellement, un jour viendra où la
situation se retournera contre eux. J’exhorte les miens à prier sans
cesse. » Conseil une quadragénaire, enseignante d’histoire dans une école
secondaire de la place.
Dans un tout autre
chapitre, certains personnes estiment légitimes les revendications du M23.
Problème
de gouvernance à l’aune des groupes et milices armées en RDC
« La RDC est classée
dernière au monde du point de vue Indice développement humain, IDH deux fois de
suite par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD, ndlr)
fondé sur l’espérance de vie, le niveau de l’éducation et le niveau de vie de
la population d’un pays ; dernière selon
la fondation Mo Ibrahim en matière de Bonne gouvernance. Notre pays a un problème
flagrant de leadership ; conséquence des guerres récurrentes, du déficit
de la balance commerciale, du surendettement en dépit des initiatives
d’effacement de la dette publique entreprises par le FMI et la BM depuis 2010.
Le pouvoir d’achat du citoyen moyen congolais est faible, les agents de la
fonction publique sont clochardisés, l’armée et la police paupérisées, bref
l’avilissement de la population par les régimes qui se sont succédés depuis
l’indépendance. » Lâche un retraité de la fonction publique à Goma.
Il ne s’arrête pas
là : il poursuit en ces termes : « Ce mouvement dit tout haut ce
que l’ensemble de la population dit tout bas. Là où le bas blesse, c’est le
fait qu’ils ont pris les armes mais en Afrique, la plupart de dirigeants sont
arrivés à la tête du pays, arme à l’épaule, la démocratie est un mot occidental
et donc propre aux blancs. Partis politiques, élections etc. est loin d’être
ancré en nous africains. »
Une femme ménagère
rencontrée au centre ville de Goma, s’est aussi exprimée sur le sujet. Pour
elle : « Les revendications contenues dans le projet de société du
M23 devraient rencontrées l’assentiment de tous les citoyens congolais mais si
et seulement si ; ils n’étaient pas téléguidés par les pays étrangers et
qui pis est le Rwanda et l’Uganda. Une rébellion congolo-congolaise serait
accueilli avec pompes car Kinshasa ignore la force du peuple. »
C’est un agneau à observer
de près ; il risque de se muer en loup féroce une fois au pouvoir.
Un philosophe conclût en
ces termes : « Le Congo sera construit par les Congolais ou il ne le
sera pas. » L’ONU avec ses dizaines de résolutions qui ne changent rien
sur terrain ne voudra jamais que la paix
revienne chez nous car il tire profit de ces guerres. No M23, No Job, arguent
certains cadres de la communauté internationale hors micro.
Goma, 15.04.2013.
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