mercredi 24 octobre 2012

Les morts oubliés du régime Kabila


Même si le général Jonh Numbi ne comparaîtra pas au procès en appel sur le dossier CHEBEYA mais l'histoire nous en dira un peu plus sur d'autres dossiers. 

Les morts oubliés du régime Kabila 
By Colette Braeckman
Le procès en appel de Floribert Chebeya doit reprendre cette semaine et la date du 23 octobre pourrait s’avérer décisive.
Sans que nul n’ose affirmer clairement qu’il entend faire pression sur les juges, il est évident que la médiatisation extrême du procès, dont les révélations de Paul Mwilambwe concernant l’implication supposée du président Kabila lui-même ne sont qu’un dernier exemple, amène à conclure que, s’ils veulent rendre crédible la procédure, les juges n’ont d’autre choix qu’inculper directement le général John Numbi qui était à l’époque chef de la police ! Comment examiner sereinement les faits dans un tel climat ?
Malheureux Floribert Chebeya ! Le zèle dont il fait l’objet, la récupération politique qui s’installe autour de sa mémoire ne risquent-elles pas de ternir l‘image de ce militant courageux et indépendant ? On finira par se demander quelles sont les raisons qui motivent réellement cette pressante sollicitude française, qui, en d’autres époques , ne s’est guère manifestée à propos du journaliste Norbert Zongo assassiné au Burkina Faso, parmi d’autres exemples…
En outre, la focalisation autour du procès Chebeya, que Thierry Michel a tout de même reçu l’autorisation de filmer, risque d’éclipser d’autres affaires, au moins aussi problématiques pour le pouvoir et qui n’ont jamais trouvé le début d’une élucidation ou d’un procès.
Parmi les « affaires étouffées » rappelons le cas de Claude Duvignaud, un sujet belge assassiné dans la nuit du 14 au 15 février 2007 à Beni. Jusqu’alors planteur de café, bien connu dans l’Est du Congo et dans le « Grand Nord », Duvignaud a été assassiné à son domicile alors qu’il venait de commencer à s’intéresser à l’exploitation minière.
La nuit de sa mort, sa sentinelle a été ligotée et jetée dans la piscine. Quant au responsable local de l’ANR qui avait entamé une enquète, il fut lui aussi assassiné. « Affaire hautement sensible » laissa entendre à l’époque l’ambassade de Belgique, qui n’intervint que très mollement…
Faut il parler des journalistes disparus, abattus à bout portant comme Serge Maheshe, rédacteur en chef de radio Okapi ou Déo Namujimbo, lui aussi journaliste onusien à Bukavu, du militant des droits de l’homme Pascal Kabungulu, d’Achille Paluku directeur de l’aviation civile à Bukavu, assassiné le 25 mars 2008 à Bukavu par ‘des hommes en uniforme » qui parlaient lingala…
Quant à Albert Prigogine-Ngezayo, grand défenseur des parcs naturels de l’Est du Congo, dont toute la famille est belge, qui était l’une des figures les plus connues et les plus populaires de Goma, il fut assassiné le 13 mars 2008 à Goma. Le crime fut commis dans l’un des lieux les plus « sécurisés » de la ville : en face du bureau des renseignements militaires, à proximité du Parquet de la République et non loin de la résidence officielle du gouverneur de la province. Un vendeur de journaux, témoin de la scène, qui aurait pu identifier les assaillants, a été liquidé sans délai…
Lors de ce qu’il faut bien appeler une exécution, aucun responsable des forces de sécurité n’est intervenu au moment des tirs. Un témoin affirme aujourd’hui qu’il aurait été recruté à l’époque par le commandant de la 8eme région militaire du Nord Kivu (aujourd’hui en charge des opérations au Sud Kivu) mais comment vérifier ses dires, comment le confronter avec d’autres récits et témoignages : malgré les efforts de la famille, aucun procès n’a encore été ouvert…
En matière de défense des droits de l’homme, Floribert Chebeya était le plus ancien, le plus courageux, le plus radical des militants. Mais il ne faudrait pas que l’ombre de ce baobab éclipse d’autres crimes, d’autres affaires non élucidées…
Si le Premier Ministre Matapa Mponyo veut récurer les écuries d’Augias, il devra avoir un long balai…

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