Texte très intéressant à lire. Il vient d'un ami, Hugues Mambo.
Il se passe actuellement un phénomène inqualifiable au sein des forces
armées de la république démocratique du Congo qui laisse perplexe plus d’un
observateur. A voir de près, on a la nette impression qu’aux seins des Fardc il
existe déjà une « cinquième colonne ». Disons tout de suite que cette
expression n’est pas de nous. Elle est née vers 1936, voici comment :
Pendant la guerre civile en Espagne, les partisans du général Franco
annoncent sur une chaine de radio que Madrid, la capitale, sera prise d’assaut
par cinq colonnes : Quatre colonnes qui utiliseront les quatre artères
principales pour arriver à Madrid et la cinquième colonne qui sera composée des
partisans de l’intérieur qui ont comme rôle de favoriser la pénétration des
attaquants au cœur de la ville.
Depuis, cette expression désigne
les traitres œuvrant à l’intérieur en faveur de l’ennemi. Leur mode opératoire
est connu : espionnage, propagande, tentatives de déstabilisation et
attentats. L’Est de la RD Congo est
rongé par des guerres à répétition. Il est étranglé par des groupes armés dont
les principaux sont : M23 (replié en Ouganda), FDLR, ADF/NALU et la
nébuleuse « MAIMAI » Ces groupes cités constituent les quatre
colonnes. Et la cinquième est à l’intérieur de l’armée régulière. Si tel
n’était pas le cas, pourquoi le général Olenga parle t-il souvent de la
« purification » des troupes ?
Quelques cas des meurtres non élucidés corroborent à cette thèse de
l’existence de la « cinquième colonne » au sein des Fardc.
Avant hier, c’était le Général Félix Budja Mabe
Ce redoutable nom de Budja Mabe suffisait
pour donner des insomnies aux ennemis de la Paix dans le Kivu. Son parcours élogieux de diplômé en criminologie de l’école
royale militaire d’Anvers en Belgique, d’instructeur puis du commandant à
l’école de formation des commandos de Kotakoli faisait peur aux envahisseurs.
Ses exploits comme commandant de la 41è brigade commando de choc de Kisangani
et commandant de la Région militaire de Matadi dans le Bas-Zaïre, faisaient
parler de lui. Pour avoir travaillé
presque partout, il connaissait le Congo par cœur : commandant de la 6e
région militaire couvrant le Kasaï Occidental et le Bandundu. Il était l’homme
qu’il fallait pour bouter l’ennemi hors de nos frontières. Le 24 février 2002, Budja
Mabe est nommé commandant de la 10è région militaire au Sud Kivu. Il confirme
sa notoriété d’un grand combattant lors de la prise de Bukavu par les éléments
de Laurent Nkunda et Mutebutsi entre le 26 mai et le 8 juin 2004. Une année
après, une permutation : alors que la guerre n’était pas terminée, on le
nomme commandant de la base militaire de Kamina au grand étonnement de toute la
population meurtrie du Kivu. Quatre ans après, il meurt. Officiellement ont dit
des suites d’une « longue maladie ». Nous savons aujourd’hui que
cette permutation a été faite sous pression des ennemis de la paix et qu’il a
été empoisonné.
Hier, c’était le Général Emmanuel Bikweto
Peu connu du grand public. Officier discret
mais très efficace. C’est l’homme qui a empêché le bain de sang dans la
capitale Kinshasa lors des affrontements entre les militaires de Jean Pierre
Bemba et l’armée régulière, après les élections controversées de 2006, en
prenant le commandement des opérations. Ce général est de la même école que
Budja Mabe et Mahele. Aux Etats Unis il a fait l’école d’infanterie avancée se
spécialise dans les « special forces » et décroche le brevet de Ranger
et de pilotage d’avion de
reconnaissance. A été dans les opérations au Tchad pour le compte des
contingent Zaïrois. Instructeur pour la formation des commandos congolais
successivement à : Kota-Koli, CETA, Kamina, Kibomango, Kitona.
Nommé général de brigade, il se voit confier la Fonction de coordonateur
des Forces Spéciales. La haute hiérarchie pensait déjà à lui pour lui confier la mission
de diriger les opérations contre le M23 quand, la nuit du 25 décembre 2012, il
est abattu à bout portant, à Kinshasa, par des hommes armés à quelques mètres de sa
parcelle.
Aujourd’hui, c’est le Colonel
Mamadou N’dala.
Un décès qui continue
à défrayer la chronique tant les versions sont contradictoires pour le même
fait. Ce qui est vrai, c’est que le succès récolté par ce jeune commando après
la défaite du M23 a fait des jaloux dans la « cinquième colonne ».
Les jaloux de Mamadou seraient à compter
dans les rangs des « incompétents », ces hauts gradés sans
études militaires approfondies requises. Dans l’entre temps, le problème
sécuritaire n’est pas encore à son terme dans l’Est du pays. L’assassinat du
Colonel Mamadou soulève les inquiétudes :
Comment atteindre la
pacification de cette partie du pays si des grands formateurs et instructeurs
de la trempe des Généraux Mahele, Budja Mabe et Bikweto sont assassinés et tués
sans que l’on élucide les causes de leurs décès ? Où trouver encore cet
oiseau rare pareil à Mamadou N’dala qui a fait la fierté de notre armée nationale en
la préservant de la moquerie de nos voisins ? A-t-on pensé à combler ce vide en
envoyant en formation des dignes fils du pays pour apporter un sang neuf dans
les rangs de l’armée congolaise ?
Ce qui est
vrai est que le vers est déjà dans le fruit et il est plus que temps de
l’extirper. Autrement, les Fardc continueront à compter les morts dans ses
rangs alors que tout le monde le sait déjà : derrière les quatre colonnes
des rebelles, il y a une « cinquième colonne » cachée au sein de
l’armée nationale.